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Costa Rica : la "Suisse de l'Amérique centrale" élit un nouveau président

Le Costa Rica, petit paradis vert surnommé la "Suisse de l'Amérique centrale", mais qui peine à reconnaître les droits de la communauté LGBT, va choisir dimanche un successeur à son président Luis Guillermo Solis.

Le Costa Rica, petit pays vivant de l'écotourisme et réputé pour sa tradition démocratique et sa stabilité politique, élit dimanche 4 février un nouveau président. Les habitants de cette république souvent qualifiée de "Suisse de l'Amérique centrale" doivent choisir parmi 13 candidats, dont quatre ont des chances d'accéder au second tour.

Le mariage gay au cœur de la campagne

En 2014, la droite, qui tenait le pouvoir depuis les années 1960, a connu une défaite historique avec l'élection à la présidence du centriste Luis Guillermo Solis. Mais le Costa Rica reste "un pays conservateur et religieux", explique à l'AFP le politologue Felipe Alpizar, de l'université du Costa Rica. Les sondages du Centre d'études politiques (CIEP) de cette université montrent un rejet massif, autour de 65 % d'opinions défavorables, du mariage homosexuel, de l'usage récréatif de la marijuana, d'un État laïc et de l'avortement même en cas de viol. Et l'actuel débat politique autour du mariage gay confirme le réveil de la fibre conservatrice des Costariciens, selon les experts.

Le favori du scrutin est Fabricio Alvarado, 43 ans, pasteur évangélique et député du parti Restauration nationale (évangélique). Il s'est détaché ces dernières semaines du peloton, passant de 3 % d'intentions de vote en décembre à 16,9 %, fin janvier, grâce à une prise de position très ferme contre l'union de personnes du même sexe.

Modèle de démocratie en Amérique centrale

Derrière lui dans les sondages se trouve l'ex-député Antonio Alvarez, 59 ans, du parti Libération nationale (PLN, social-démocrate), la plus grande formation du pays, avec 12,4 % d'intentions de votes. Suivent l'ancien ministre Carlos Alvarado (sans lien de parenté avec Fabricio), 38 ans, du parti au pouvoir Action citoyenne (PAC, centre), à 10,6 %, et l'avocat Juan Diego Castro, 62 ans, issu du petit parti Intégration nationale (PIN, droite), à 8,6 %. Ce dernier cararcolait en tête des sondages jusqu'en décembre dernier, grâce à un discours sécuritaire et à la promesse de combattre les fléaux de la corruption et de la criminalité, en hausse ces dernières années.

Si aucun des candidats n'atteint 40 % de voix dimanche, un second tour aura lieu le 1er avril.

Ce pays d'Amérique Latine, qui compte 4,86 millions d'habitants, est indépendant depuis 1821. Il est considéré comme un modèle de démocratie en Amérique centrale. En 1948, une brève guerre civile, la dernière de l'histoire du pays, aboutit à l'abolition de l'armée et marque l'entrée du Costa Rica dans une longue période de stabilité politique. Dans les années 1980, alors que plusieurs pays centraméricains sont en proie à des guerres civiles, le Costa Rica, pays neutre, leur propose un plan de paix qui, en 1987, vaut au président Oscar Arias Sanchez le prix Nobel de la paix. Sur le plan international, le pays a fait du désarmement sa priorité et milite pour l'élimination totale des armes nucléaires et le renforcement du régime de non-prolifération nucléaire.

Pionnier des énergies renouvelables

La richesse de l'environnement costaricien lui vaut parfois le surnom de "démocratie verte". Le Costa Rica a attiré 2,9 millions de touristes en 2016, notamment grâce à ses réserves naturelles qui couvrent un quart de ce petit territoire de 51 000 km2 et qui renferme 5 % de la biodiversité mondiale. C'est l'un des rares pays à avoir interdit la chasse sportive et à ne pas avoir opté pour l'exploitation minière ou pétrolière, principales ressources de nombreux États latino-américain. Il préfère miser sur les énergies renouvelables, dont il est un des champions mondiaux, dépassant en novembre 2017 la barre des 300 jours dans l'année de production électrique générée exclusivement par des ressources renouvelables. Il est le seul pays tropical qui a réussi à inverser la déforestation, souligne la Banque mondiale.

Côté économie, le Costa Rica a connu 25 ans de croissance régulière, grâce à l'ouverture aux investissements étrangers et à une libéralisation progressive du commerce extérieur. Le PIB par habitant a triplé depuis 1960. Le pays affiche l'un des taux de pauvreté les plus faibles d'Amérique latine et des Caraïbes (20,5 % en 2016). Il s'est doté d'un système de protection sociale de haut niveau, a investi dans l'éducation et se situait en 2016 au 66e rang mondial pour son indice de développement humain.

Avec AFP