La mobilisation des gardiens de prison en France dure depuis neuf jours, et le conflit s'enlise : les syndicats ont quitté, mardi, la table des négociations, rejetant les propositions du gouvernement, y compris sur leurs primes.
Neuf jours après que les gardiens de prison ont entamé une mobilisation d'une ampleur rare, les syndicats de surveillants ont quitté, mardi 23 janvier, la table des négociations, rejetant les propositions du gouvernement, y compris sur leurs primes.
Les trois syndicats, Ufap-Unsa (majoritaire), FO et CGT-Pénitentiaire, ont appelé à poursuivre le mouvement de blocage des établissements pénitentiaires.
Cette crise des prisons est l'une des plus importantes depuis 25 ans, et un défi pour le gouvernement: après les critiques des Républicains, reprochant à la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, de "ne pas prendre la mesure" de la "détresse" des surveillants, c'est de la gauche que sont venues les banderilles.
Emmanuel Macron "s'est pris les pieds dans le tapis", a estimé Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise à l'Assemblée nationale, tandis que le député PS Luc Carvounas a qualifié Nicole Belloubet de "ministre techno" empreinte de "désinvolture".
Peu avant ces négociations avortées, le Premier ministre, Edouard Philippe, avait assuré devant les députés que le gouvernement était prêt à examiner des "mesures indemnitaires spécifiques et ciblées" en faveur du personnel pénitentiaire.
"On repart déçus et frustrés parce que sur toute notre plateforme, on n'a pas eu le dixième des réponses que l'on attendait", a déclaré le secrétaire général du syndicat Ufap-Unsa (majoritaire) Jean-François Forget, au lendemain d'une rencontre déjà infructueuse.
La prime proposée par la chancellerie pour les agents affectés aux prisons sensibles a été qualifiée de "prime à l'agression" par les syndicats.
Une "prime d'attractivité et de fidélisation", des jours fériés et des dimanches mieux rémunérés ont également été mis sur la table pour une enveloppe globale de 30 millions d'euros. "La vie d'un surveillant ne vaut pas cher !", a tonné la CGT-Pénitentiaire, qui demande la nomination d'un médiateur pour remplacer une "ministre disqualifiée".
"Le mouvement est plus dur qu'hier", a reconnu la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP), interrogée par l'AFP. Au total, 122 établissements sur 188 se sont mobilisés. En milieu de journée, dans 45 d'entre eux, le fonctionnement était affecté.
Dans 15 prisons, les gardiens ont refusé de prendre le service et les forces de l'ordre ont dû suppléer les surveillants dans 21 établissements. Dans certaines prisons, comme à Bayonne et à Pau, des agents, qui n'ont pas le droit de grève, ont posé des arrêts maladie, selon des sources syndicales.
AFP