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Environ 50 000 opposants au maintien du mot Macédoine dans le nom de l'ancienne république yougoslave ont défilé dimanche à Thessalonique, capitale de la Macédoine grecque, alors qu'Athènes et Skopje tentent de trouver une issue à ce vieux conflit.

C'est un sujet qui empoisonne les relations entre Athènes et Skopje depuis 26 ans : l'utilisation du nom Macédoine pour désigner l'ancienne république yougoslave. Alors que le Premier ministre grec Alexis Tsipras essaie de résoudre cette querelle diplomatique, 50 000 manifestants ont défilé, dimanche 21 janvier, à Thessalonique, capitale de la Macédoine grecque, afin de s'opposer à toute utilisation de ce nom dans la future appellation du pays.

Une nébuleuse de groupes nationalistes, dont beaucoup d'extrême droite, comme le parti néonazi Aube dorée, certains prêtres ou encore des délégations de la diaspora ont appelé à ce rassemblement.

À midi, il y a sur place "environ 50 000" personnes, a indiqué un porte-parole de la police à l'AFP, indiquant qu'il s'agissait d'une "première estimation".

Massive crowds of #Macedonians and other #Greeks in the country's second-biggest city #Thessaloniki, rally against the use of the #Greek term #Macedonia by #FYROM. #EU #NATO #ForeignAffairs pic.twitter.com/6PE1MQJBnP

  Anastasia Mertzou (@Mertz87) 21 janvier 2018

Un nombre qui dépasse les estimations des médias grecs, loin toutefois du million atteint en 1992 (10 % de la population) , un an après l'indépendance de l'ancienne république yougoslave, quand cette crise diplomatique avait commencé.

Le rassemblement, dont certains membres vêtus de costumes traditionnels ou antiques, s'étendait sur une large portion du front de mer, autour de la statue d'Alexandre le Grand, le plus fameux roi de Macédoine antique (356-323 avant JC), fierté nationale grecque également revendiquée dans le pays voisin.

"La mobilisation du peuple a dépassé toutes les attentes", estimait auprès de l'AFP dès samedi Irini Leonardou, membre du comité organisateur du rassemblement. "Nous exigeons que le terme 'Macédoine' ne figure pas dans le nom sur lequel ils se mettront d'accord; et ce n'est pas négociable", a rappelé cette écrivaine de 59 ans.

#Greece : Thousands of people expected to take to the streets of northern city Thessaloniki on Sunday as hardliners seek to block any deal in the long-running name dispute between Athens and Skopje that contains the term Macedonia. https://t.co/QQxSJwPdFe #AFP pic.twitter.com/xidLQTHR0x

  AFP Grèce Greece (@afpathenes) 21 janvier 2018

L'héritage d'Alexandre le Grand au centre de la dispute

La Macédoine est déjà reconnue sous ce nom par des pays comme les États-Unis, la Chine, la Russie, ou le Royaume-Uni. Mais, outre la Grèce, pas par la plupart des pays européens, notamment la France et l'Allemagne, où elle est officiellement désignée comme "ARYM" (Ancienne république yougoslave de Macédoine). Surtout, la Grèce a mis son veto à l'entrée de son petit voisin du nord dans l'Otan et l'UE tant qu'il persistera à vouloir s'appeler simplement "Macédoine".

Les Grecs craignent qu'en revendiquant cette appellation et l'histoire des grands rois Alexandre le Grand et son père Philippe - qui vivaient sur le territoire de l'actuelle province grecque de Macédoine -, Skopje n'ait aussi des visées territoriales sur le nord de la Grèce.

Grèce : manifestation nationaliste sur le nom de la Macédoine

Les Premiers ministres macédonien, Zoran Zaev, et grec, Alexis Tsipras, semblent décidés à avancer et se verront la semaine prochaine au Forum de Davos. Cette semaine, leurs émissaires ont rencontré à New York Matthew Nimetz, médiateur de l'ONU sur cette question, qui s'est déclaré "très optimiste sur le fait que le processus va dans une direction positive".

"S'il y a l'opportunité d'une solution, ce serait une erreur nationale que de ne pas en profiter", a affirmé dimanche Alexis Tsipras dans le journal Ethnos, tout en "comprenant les inquiétudes et sensibilités" des Grecs.

Le maintien du nom Macédoine : la pierre d'achoppement du règlement

Selon les médias macédoniens, Matthew Nimetz a mis sur la table cette semaine cinq propositions de noms, contenant toutes le mot Macédoine, comme "Macédoine du Nord" ou "Nouvelle Macédoine".

Athènes est d'accord en principe sur une telle solution. Encore faudra-t-il voir jusqu'où elle exigerait que ce nom prévale. Les Macédoniens devraient-il par exemple se mettre à parler officiellement "le nord-macédonien?". C'est sur ce genre de questions que les discussions pourraient achopper.

En Grèce, l'allié d'Alexis Tsipras et de son parti de gauche Syriza, le ministre de la Défense Panos Kammenos, et ses huit députés du parti nationaliste des Grecs indépendants (ANEL), sont opposés à tout nom comprenant le mot Macédoine. Mais Panos Kammenos, "un homme honnête et un patriote", ne mènera pas de guerre de tranchées contre un tel compromis, a espéré le Premier ministre.

Selon un sondage Alco pour la radio grecque 24/7, 63 % des personnes interrogées estiment actuellement "qu'il est dans l'intérêt de la Grèce de rechercher une solution mutuellement acceptable".

Avec AFP