Les Gardiens de la révolution, troupe d'élite des forces armées iraniennes, ont proclamé, mercredi, la fin des manifestations antigouvernementales qui ont fait au moins 21 morts ces six derniers jours.
Fin de l’insurrection. L'armée d'élite du pouvoir en Iran a proclamé, mercredi 3 janvier, la fin du mouvement de contestation qui a fait 21 morts et entraîné des centaines d'arrestations, dans la foulée de manifestations massives de soutien au régime.
Aucune manifestation antirégime n'a été rapportée durant la journée de mercredi. "Les rues sont calmes", confirme Mariam Pirzadeh, correspondante france 24 à Téhéran. Les Iraniens sont dans l'attente."
Les autorités ont bloqué sur les téléphones portables les réseaux sociaux Telegram et Instagram, utilisés selon elles pour appeler à protester.
Téhéran promet une "action ferme" contre les "fauteurs de troubles"
"Aujourd'hui nous pouvons annoncer la fin de la sédition", a déclaré le chef des Gardiens de la révolution, Mohammad Ali Jafari, en soutenant que le nombre de manifestants antirégime n'avait "pas dépassé les 15 000 sur l'ensemble du pays".
Et de poursuivre, "un grand nombre de fauteurs de troubles, au centre de la sédition, ont reçu une formation de la contre-révolution", a-t-il précisé en référence aux Moudjahidine du peuple, principale formation de l'opposition en exil. Ceux-ci "ont été arrêtés et il y aura une action ferme contre eux".
Parallèlement, l'Iran s'est plaint auprès du Conseil de sécurité et du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, d'ingérence des États-Unis dans ses affaires intérieures, tout en cherchant à minimiser le mouvement de contestation, le premier de cette ampleur depuis celui de 2009 contre la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, qui avait été violemment réprimé.
Le numéro un iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a lui accusé les "ennemis" de l'Iran de porter atteinte au régime, sans les nommer, alors que le président Hassan Rohani a lui parlé d'une "petite minorité" de contestataires. Rohani a en outre demandé à son homologue français Emmanuel Macron de prendre des mesures contre les activités des Moudjahidine, basés en France, selon la TV d'État.
La classe politique en Iran – réformateurs comme conservateurs – s'est positionnée contre les violences lors des manifestations, tout en soulignant la nécessité de trouver une solution aux problèmes économiques, principalement le chômage qui atteint 30 % chez les jeunes.
Contre-manifestations
Mercredi lors d'une massive mobilisation prorégime, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à travers le pays pour apporter leur soutien aux leaders religieux. Munis de banderoles dénonçant les "fauteurs de troubles", les manifestants ont repris des slogans en faveur du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, et crié "Mort à l'Amérique" ou "Mort à Israël".
La télévision d'État a montré des images en direct de manifestations massives. "Nous offrons à notre guide le sang qui coule dans nos veines", ont scandé les participants. D'autres manifestations pro-régime sont prévues jeudi à Ispahan et Machhad.
Le soutien de Trump aux contestataires
Seules quelques petites protestations sporadiques en province ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et impossibles à vérifier, contrastant avec les précédentes nuits de contestation contre l'austérité économique et le pouvoir.
Les troubles, partis le 28 décembre de la deuxième ville d'Iran Machhad avant de se propager, ont été marqués par des violences et des attaques contre des biens publics, pouvoir ou médias mettant en cause des "contre-révolutionnaires" basés à l'étranger, mais aussi les États-Unis et l'Arabie saoudite, rivale de l'Iran au Moyen-Orient.
Depuis le début de la contestation, Trump a pris fait et cause pour les protestataires et a condamné le régime. L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a demandé des réunions d'urgence du Conseil de sécurité et de celui des droits de l'Homme sur l'Iran.
Avec AFP