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Des dirigeants du camp réformateur jugés pour troubles à l'ordre public

Le procès de plusieurs personnalités du camp réformateur, dont Behzad Nabavi, ancien porte-parole adjoint au Parlement, ainsi que d'une centaine d'émeutiers présumés, s'est ouvert samedi devant le tribunal islamique de Téhéran.

AFP - Le procès d'une centaine de personnes, dont des personnalités du camp réformateur, accusées de troubles à l'ordre public lors de manifestations qui ont suivi la réélection du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, s'est ouvert samedi devant un tribunal révolutionnaire de Téhéran.

Ce procès a débuté à quelques jours de la prestation de serment, le 5 août, du président ultraconservateur Ahmadinejad qui tente depuis quelques jours d'apaiser les tensions nées de choix politiques critiqués par son propre camp.
   

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Une centaine de personnes comparaissent à partir de samedi, dont d'importantes personnalités du camp réformateur -notamment des proches de l'ancien président Mohammad Khatami et des militants favorables aux chefs de file de l'opposition Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi-, a précisé l'agence de presse Fars.

L'agence officielle Irna, citant des sources judiciaires, a précisé que parmi les "émeutiers" jugés figurent des manifestants pris en photo alors qu'ils étaient en train de "commettre les crimes".

Irna avait indiqué mercredi qu'ils étaient accusés d'avoir "perturbé l'ordre et la sécurité" et "d'avoir des liens avec les hypocrites", l'appellation officielle des Moudjahidine du Peuple, le principal mouvement d'opposition en exil.

Ils sont également accusés "de port d'armes à feu et de grenades, d'attaques contre les forces de l'ordre et les miliciens islamistes et d'envoi d'images (des manifestations) pour les médias ennemis", avait précisé Irna.

Jusqu'à 2.000 personnes avaient été arrêtées lors des manifestations de protestation. La majorité d'entre eux ont depuis été libérées et quelque 250 personnes sont toujours derrière les barreaux.

Une trentaine de personnes ont été tuées au cours de violences.

La réélection contestée du président Ahmadinejad, le 12 juin, a donné lieu à la plus grave crise politique interne que traverse la République islamique en trente ans d'existence.

Un mois et demi après l'élection, la contestation se poursuit, l'opposition, menée par les candidats malheureux à la présidentielle, le conservateur modéré Mir Hossein Moussavi, et le réformateur Mehdi Karoubi, refusant toujours de reconnaître la victoire du président Ahmadinejad.

Jeudi, les forces de l'ordre ont employé la force pour disperser des milliers de partisans de l'opposition rassemblés dans le centre de Téhéran et dans un cimetière de la capitale pour rendre hommage aux manifestants tués, à l'occasion du 40e jour de la mort le 20 juin de Neda Agha-Soltan, devenue symbole de la contestation.

Vendredi, l'Iran a de nouveau accusé des puissances occidentales d'être derrière les manifestations, le ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, affirmant que "les pays occidentaux et européens, avec leurs moyens clandestins ou publics, se sont ingérés dans l'élection iranienne (...)".

La crise s'est encore aggravée après une série de décisions controversées du président Ahmadinejad, notamment la nomination au poste de premier vice-président, d'Esfandiar Rahim Mashaie à qui les conservateurs ne pardonnent pas d'avoir déclaré en 2008 que l'Iran était "l'ami du peuple israélien".

Le camp conservateur a vivement reproché au président d'avoir tardé à appliquer l'ordre du Guide suprême Ali Khamenei de démettre Rahim Mashaie.

Vendredi, Mahmoud Ahmadinejad a assuré qu'il n'y avait aucun désaccord avec le Guide, parlant de relations d'"amour et de confiance".