
Le conservateur Sebastian Piñera va redevenir président du Chili, fonction qu'il a déjà occupée de 2010 à 2014, un retour au pouvoir qui illustre le basculement à droite de plusieurs pays d'Amérique latine ces dernières années.
Moins de quatre ans après la fin de son premier mandat, le conservateur Sebastian Piñera va redevenir président du Chili, un retour au pouvoir qui illustre le basculement à droite de plusieurs pays d'Amérique latine ces dernières années.
Cet homme d'affaires milliardaire de 68 ans, qui avait déjà occupé cette fonction de 2010 à 2014, a obtenu 54,58 % des suffrages au second tour du scrutin, dimanche 17 décembre, contre 45,42 % pour son adversaire de centre gauche, le sénateur et ancien journaliste Alejandro Guillier.
Cet écart marque aussi la pire défaite subie par la coalition de centre gauche, qui a dominé la vie politique chilienne depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet.
Sebastian Piñera a en outre obtenu plus de voix que n'importe quel autre président depuis le rétablissement de la démocratie en 1990.
Tout au long de la campagne, il a su exploiter les divisions apparues à gauche et attirer l'électorat centriste avec ses promesses de baisses d'impôts pour les entreprises, de doublement de la croissance économique et de réduction de la pauvreté.
"Malgré nos grandes différences, il y a de grands points d'accord", a-t-il déclaré au sujet de son adversaire devant la foule de ses partisans dans le centre de Santiago. Dans les rues des quartiers aisés de la capitale, où Sebastian Piñera a recueilli environ 90 % des voix, les habitants ont laissé éclater leur joie avec des concerts de klaxon.
La Bourse de Santiago s'envole
De nombreux Chiliens ont vu dans cette élection un référendum sur le bilan de la présidente sortante Michelle Bachelet, qui s'est efforcée de réduire les inégalités via notamment une réforme des études supérieures et de la fiscalité.
Alejandro Guillier, candidat sous la bannière de la coalition Nueva Mayoria de Michelle Bachelet, avait déjà réalisé au premier tour le plus faible score d'un candidat de centre gauche depuis le retour de la démocratie, signe du large mécontentement de l'opinion.
Une partie de l'électorat de gauche juge que sa politique sociale a été trop timide. Pour l'opposition conservatrice, les mesures qu'elle a prises ont entretenu l'incertitude sur les marchés financiers et nui aux investissements privés.
La Bourse de Santiago a salué la victoire de Sebastian Piñera par sa plus forte hausse depuis plus de neuf ans.
Sans majorioté parlementaire
Économiste formé à Harvard, il pourrait néanmoins avoir du mal à mettre en œuvre son programme, à l'aune des difficultés rencontrées par ses alliés idéologiques au Brésil ou en Argentine pour appliquer des mesures d'austérité budgétaire via des baisses des dépenses publiques.
Le premier obstacle sur sa route sera l'absence de majorité parlementaire. Son parti, Chile Vamos, a obtenu 72 des 155 sièges de la Chambre des députés. Sans majorité non plus au Sénat, il devra compter sur des alliés éventuels pour faire adopter ses textes législatifs.
Avec AFP