Le verdict dans le procès de l'opposante Aung San Suu Kyi, attendu ce vendredi, a été reporté au 11 août, selon des sources judiciaires citées par l'AFP. Assignée à résidence, elle risque 5 ans de prison pour avoir hébergé un Américain.
Une cour birmane a reporté au 11 août sa décision dans le procès de l’opposante birmane Aung San Suu Kyi, accusée d’avoir enfreint les règles de son assignation à résidence. La communauté internationale a qualifié la procédure de farce, accusant la junte birmane de chercher des prétextes pour maintenir la lauréate du prix Nobel de la paix en détention.
Suu Kyi a été privée de liberté pendant 14 ans depuis que son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie, a remporté les élections en 1990 – une victoire écrasante que la junte militaire a refusé de reconnaitre.
Devenue leader du combat pour la démocratie, elle a été maintenue en détention et assignée à résidence, mais sa popularité n’a pas fléchi pour autant. La communauté internationale accuse la junte de maintenir Suu Kyi enfermée pour l’empêcher de participer aux prochaines élections en 2010.
En mai dernier sa dernière assignation à domicile devait s’achever après six ans, lorsqu’un homme américain, John Yettaw, arrive dans sa résidence à la nage. Elle l’héberge "pour raison humanitaire" et se voit ensuite accusée d’avoir violé les règles de sa détention. Un procès de plus de deux mois s’en suivra. Les avocats de Suu Kyi affirment que celle-ci ne peut être tenu responsable de l’initiative de Yettaw. Ils ajoutent que la loi utilisée pour condamner Suu Kyi datant de 1975 n’est plus en vigueur.
Un procès fustigé par la communauté internationale
Le procès, qualifié de farce par la communauté internationale notamment à la veille du procès, a suscité une vague d’indignation. Selon certains observateurs, la junte ne s’attendait pas à une telle réaction.
"Les généraux ont été pris à leur propre piège", estime Arnaud Dubus, un correspondant de FRANCE 24 en Thaïlande. "La junte cherchait à saisir le prétexte de cet américain pour prolonger la détention de Suu Kyi mais elle se retrouve dans une situation très embarrassante".
"Il semble y avoir un hésitation à condamner Suu Kyi à cause des très fortes pressions internationales", selon Arnaud Dubus. "De plus des dissensions sont apparues au sein du régime. Than Shwe, le leader suprême du régime militaire qui déteste Suu Kyi, et le général Maung Aye, l’un des autres hommes forts du régime, s’opposent sur cette question".
"Il est probable que la décision de reporter le verdict ait été prise par le général Than Shwe seul", estime de son côté Thierry Falise, le correspondent de FRANCE 24 en Birmanie.
Si la cour la reconnait coupable, Suu Kyi risque cinq ans d’emprisonnement. Les observateurs envisageaient une condamnation, mais certains experts estiment que la junte envisage d’autres solutions pour apaiser la pression internationale tout en maintenant Suu Kyi à l’écart.
Les États-Unis et l’Union Européenne imposent des sanctions commerciales à l’encontre de la Birmanie, que Washington vient de renouveler pour trois ans. Les Américains ont appelé par ailleurs jeudi à la libération sans conditions des 2 100 militants politiques emprisonnés dans le pays.