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France Télévisions : les journalistes adoptent une motion de défiance contre Delphine Ernotte

La présidente du groupe France Télévisions, Delphine Ernotte, fait l'objet d'une motion de défiance approuvée à 84 % par les journalistes du groupe audiovisuel. L'intéressée a fait savoir qu'elle prenait le vote "au sérieux".

C’est un camouflet. Les journalistes de France Télévisions ont voté mardi 12 décembre une motion de défiance à une majorité écrasante contre leur patronne, Delphine Ernotte, pour dénoncer des économies sur l'information et une vaste réforme que prépare par le gouvernement.

Les journalistes des rédactions nationales du groupe (France 2 et 3, franceinfo...) ont approuvé à 84 % une motion de défiance, qui leur avait été soumise par les Sociétés de journalistes (SDJ) du groupe public, avec un taux de participation au vote de 69 %.

Cette motion intervient à quelques heures du début d'une grève de 24 heures, ce mercredi, à l'appel de trois syndicats, la CGT, FO et le Syndicat national des journalistes (SNJ), à l'occasion de la tenue d'un Comité central d'entreprise. Cette grève vise à contester non seulement les économies prévues en 2018, mais aussi un projet de réforme en profondeur de l'audiovisuel public, préparé par le gouvernement.

Un vote "clair, net et massif"

À la question "Faites-vous confiance à Delphine Ernotte-Cunci pour préserver la qualité et les moyens de l'information à France Télévisions ?", 83,77 % des journalistes votants ont répondu "non", 8,95 % ont opté pour le "oui", et 7,28 % ne se sont pas prononcés, selon les chiffres des SDJ.

C'est un vote "clair, net et massif" et d'une ampleur inédite au sein du groupe, a déclaré à l'AFP Clément Le Goff, président de la SDJ de France 2. "Le résultat est sans appel, les journalistes ont voulu envoyer un message clair : l'information doit rester la priorité à France Télévisions", a-t-il ajouté.

Ce scrutin visait à dénoncer "une attaque inédite contre l'information du service public", selon les organisateurs. La présidente de France Télévisions avait assuré prendre ce vote "au sérieux", dans un message adressé lundi aux salariés.

Delphine Ernotte a pris les rênes du groupe public en 2015 et subit régulièrement des critiques, comme lors du remplacement de David Pujadas par Anne-Sophie Lapix aux manettes du 20 Heures de France 2.

Inquiétudes sur les économies à envisager

Sommée par le gouvernement de réduire de 50 millions les dépenses du groupe en 2018, à 2,57 milliards d'euros, la direction veut supprimer 180 postes équivalent temps plein (ETP) l'an prochain, via des non-remplacements de départs à la retraite, dont 30 dans l'information.

France Télévisions a en revanche renoncé, face au tollé, à réduire la diffusion des magazines emblématiques de France 2, "Envoyé Spécial" et "Complément d'enquête".

"Nous comprenons la nécessité de faire des économies. Mais demain, avec les coupes budgétaires envisagées par une présidence sans vision stratégique, les équipes ne seront plus en mesure de vous proposer une information de qualité, digne du service public, indépendante et vérifiée", ont estimé les SDJ du groupe.

Aux économies envisagées s'ajoutent des inquiétudes liées à l'avenir de l'audiovisuel public. Cet automne, la révélation de "pistes de travail" radicales émanant du ministère de la Culture, évoquant un "rapprochement" entre France Télévisions et Radio France, une fusion de France 3 et France Bleu, la suppression de France Ô ou le passage de France 4 à une diffusion 100 % numérique, a déclenché la colère des syndicats.

Avec AFP