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En visite au Bangladesh après quatre jours en Birmanie, le pape François a appelé la communauté internationale à agir pour résoudre la crise humanitaire des Rohingya, qui submerge ce pays d'Asie du Sud parmi les plus pauvres de la planète.

Arrivé à Dacca, capitale du Bangladesh, jeudi 30 novembre dans l'après-midi, le pape François est sorti de son silence diplomatique sur la crise des Rohingya. Dès sa première allocution, il a demandé à la communauté internationale de prendre des "mesures décisives" pour aider cette minorité musulmane qui fuit en masse l'ouest de la Birmanie depuis fin août.

"Il est nécessaire que la communauté internationale mette en œuvre des mesures décisives face à cette grave crise", a plaidé le pape argentin à propos de cette urgence humanitaire qui forme la toile de fond de son voyage en Asie. Cela doit s'effectuer, a-t-il indiqué, "en travaillant pour résoudre les questions politiques qui ont conduit à ce déplacement massif de personnes, mais aussi en offrant une assistance matérielle immédiate au Bangladesh".

Une marée humaine de plus de 620 000 Rohingya a afflué ces trois derniers mois sur le sud du Bangladesh pour échapper à ce que l'ONU considère comme une épuration ethnique menée par l'armée. Ces populations s'entassent dans des camps de tentes grands comme des villes, où la survie est conditionnée aux distributions de nourriture.

Diplomatie oblige

Le pape argentin a par ailleurs rendu un hommage appuyé aux "sacrifices" du Bangladesh qui accueille ces foules. "Au cours des derniers mois, l'esprit de générosité et de solidarité, signes caractéristiques de la société du Bangladesh, a été observé de manière très vive dans son élan humanitaire en faveur des réfugiés arrivés en masse par l'État de Rakhine, leur procurant un abri temporaire et les premières nécessités pour vivre", a-t-il souligné.

"Aucun d'entre nous ne peut manquer d'être conscient de la gravité de la situation, de l'immense coût imposé par les souffrances humaines et les conditions de vie précaires de si nombreux de nos frères et soeurs, dont la majorité sont des femmes et des enfants, rassemblés dans des camps de réfugiés", a encore commenté le pape.

Dans son allocution, le souverain pontife de 80 ans n'a toutefois pas employé le mot "Rohingya" - tabou en Birmanie -, lui préférant le terme plus neutre de "réfugiés de l'État Rakhine", région birmane épicentre des troubles. Diplomatie oblige, Jorge Bergoglio n'avait pas non plus abordé frontalement la question des Rohingya lors de ses escales à Rangoun et Naypyidaw. Soucieux de ne pas mettre le feu aux poudres d'une opinion publique chauffée à blanc par le nationalisme, le souverain pontife s'était contenté en Birmanie d'allusions obliques aux violences contre les Rohingya.

Au Bangladesh, François ne se rendra pas dans la région des gigantesques camps dans le sud, à une heure d'avion de Dacca. Il rencontrera en revanche vendredi une délégation de réfugiés rohingyas, événement qui s'annonce comme l'un des temps forts de ces trois journées. Vendredi, il célèbrera également Saint-Père dans un parc, où 80 000 fidèles sont attendus.

Avec AFP