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La Birmanie et le Bangladesh signent un accord pour rapatrier les Rohingya

La Birmanie et le Bangladesh ont signé jeudi un accord ouvrant la porte au rapatriement des centaines de milliers de musulmans rohingyas qui ont fui la répression de l'armée birmane, ont annoncé Dacca et Naypyidaw.

Le programme de retours doit débuter "sous deux mois" : le ministère des Affaires étrangères bangladais a confirmé, jeudi 23 novembre, que Dacca et Naypyidaw se sont mis d’accord pour rapatrier les quelque 620 000 Rohingya qui ont fui la Birmanie pour le Bangladesh depuis la fin août.

Ces réfugiés de confession musulmane sont victimes, selon les organisations de défense des droits de l'Homme et plusieurs pays occidentaux, d’une campagne de répression de l'armée birmane dans l'État d'Arakan, qui a même été qualifiée d’épuration ethnique par l’ONU.

Les critères de rapatriement ou le nombre de personnes concernées par ce programme n'ont pas été précisés. Un groupe de travail, qui reste à former, doit se pencher sur cette question.

Le communiqué gouvernemental, qui n'emploie pas le terme "Rohingya" que refusent les autorités birmanes, fait simplement mention de "personnes déplacées de l'État Rakhine", région de l'ouest de la Birmanie épicentre des violences. Ces dernières sont à l’origine d’une véritable vague humaine ayant submergé le Bangladesh et engendré une des plus graves crises humanitaires de ce début de XXIe siècle en Asie.

Des apatrides sans papiers

Cet exode fait écho à d'autres afflux massifs de Rohingya au Bangladesh au cours des dernières décennies, notamment en 1978 et 1991-1992. Des programmes de retours en Birmanie ont déjà eu lieu mais la résurgence des violences questionne leur pérennité.

Si la junte militaire qui a dirigé la Birmanie pendant des décennies a laissé formellement le pouvoir à un gouvernement civil dirigé par la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi l'an dernier, beaucoup craignent que l'armée ne cherche à empêcher le retour des Rohingyas.

Les membres de cette minorité musulmane, forte d'environ un million de personnes, sont traités par les autorités birmanes comme des apatrides et beaucoup n'ont pas de papiers d'identité.

Or, l'armée, sur laquelle Aung San Suu Kyi n'a aucune autorité, a d'ores et déjà prévenu que les réfugiés ne pourraient rentrer que dans le cadre de la loi sur la citoyenneté de 1982, qui a établi une liste officielle des minorités ethniques en Birmanie, dont les Rohingya ne font pas partie.

"Nous sommes prêts à les accueillir dès que possible, dès que le Bangladesh nous aura renvoyé les formulaires (de retour)", a néanmoins assuré jeudi Myint Kyaing, secrétaire permanent du ministère du Travail, de l'Immigration et de la Population.

La signature de cet accord intervient à quelques jours de la visite du pape François dans ces deux pays. Le souverain pontife argentin sera en Birmanie du 26 au 30 novembre, puis au Bangladesh du 30 novembre au 2 décembre.

Avec AFP et Reuters