
Au Chili, l’ex-chef d'État et milliardaire Sebastian Piñera et le journaliste Alejandro Guillier s'affronteront le 17 décembre au second tour de l’élection présidentielle pour succéder à la socialiste Michelle Bachelet.
L'ex-chef d'État de droite Sebastian Piñera, arrivé, dimanche 19 novembre, en tête du premier tour de l'élection présidentielle au Chili, affrontera au second tour le candidat socialiste, le journaliste Alejandro Guillier, pour succéder à la présidente de gauche Michelle Bachelet.
Les deux hommes étaient crédités respectivement de 36,6 % et 22,6 % des voix, selon des résultats partiels basés sur le dépouillement de plus de 90 % des votes diffusés dans la nuit par l'autorité électorale chilienne (Servel).
Arrivée troisième, la candidate de la coalition d'extrême gauche Frente Amplio Beatriz Sanchez a créé la surprise de ce premier tour en obtenant 20,3 % des suffrages. Le candidat d'extrême droite José Antonio Kast, qui n'hésite pas à revendiquer l'héritage de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), est quant à lui crédité de 7,9 % des voix.
Un nouveau paysage politique chilien
Ces résultats "reconfigurent complètement le paysage politique chilien", a déclaré à l'AFP René Jara, analyste de l'Université de Santiago. Le résultat obtenu par Mme Sanchez lui donne un "pouvoir de négociation très fort pour le second tour", a-t-il ajouté.
Jusqu'ici réticents à apporter leur soutien au socialiste Guillier, les autres candidats sont à présent "obligés de le faire pour ne pas être tenus pour responsables du retour de Piñera" au pouvoir, selon cet analyste.
Le milliardaire Sebastian Piñera, 67 ans, parfois surnommé "le Berlusconi chilien" et qui a déjà occupé la présidence de 2010 à 2014, semble bien parti pour décrocher un nouveau mandat.
"Ce résultat est très proche de celui que nous avons obtenu en 2009 et en 2009 nous avons remporté l'élection et nous avons réussi à remettre en marche notre pays", a déclaré dimanche soir Sebastian Piñera devant ses supporters.
"L'histoire montrera que les bonnes décisions ont été prises", a lancé pour sa part le sénateur Alejandro Guillier, 64 ans, qui s'inscrit dans les pas de Michelle Bachelet. Cette dernière quitte la présidence avec seulement 23 % d'opinions favorables.
Une société bouleversée
À l'issue de son premier mandat, Sebastian Piñera n'avait pas pu se représenter dans la foulée, la loi chilienne interdisant deux mandats consécutifs. Son probable retour au pouvoir survient à un moment où une grande partie de l'Amérique du Sud – l'Argentine avec Mauricio Macri, le Brésil avec Michel Temer, le Pérou avec Pedro Pablo Kuczynski – vient de basculer à droite, marquant la fin d'un cycle pour la gauche latino-américaine.
Mais le magnat des affaires ne va pas retrouver le même Chili que lors de son premier mandat : ces dernières années, cette société réputée très conservatrice a été bouleversée par une série de réformes sociétales progressistes, dont l'adoption du mariage homosexuel et la dépénalisation de l'avortement, auparavant strictement interdit.
Parallèlement au scrutin présidentiel, les Chiliens devaient renouveler une grande partie du Parlement (155 députés et la moitié du Sénat), les sondages indiquant que la droite devait y augmenter sa représentation sans toutefois remporter la majorité absolue.
Avec AFP