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Manifestation historique au Zimbabwe pour en finir avec l'ère Mugabe

Des milliers de Zimbabwéens sont descendus samedi dans les rues pour exiger le départ de Robert Mugabe. Le dirigeant, placé en résidence surveillée par l'armée qui a pris le contrôle du pays, rencontrera dimanche les chefs militaires.

Des dizaines de milliers de Zimbabwéens sont descendus dans les rues, samedi 18 novembre, pour exiger le départ du président Robert Mugabe. Cette mobilisation historique est appuyée par l'armée qui a pris le contrôle du pays dans la nuit de mardi à mercredi, sans effusion de sang, et placé en résidence surveillée le chef d'État de 93 ans au pouvoir depuis 37 ans.

Il s'agit de l'une des plus grandes manifestations jamais organisées au Zimbabwe, depuis l'indépendance du pays en 1980.

Manifestation historique au Zimbabwe pour en finir avec l'ère Mugabe

"C'est historique. Je n'ai jamais participé à un rassemblement politique de ma vie. Je n'ai jamais vu les gens aussi unis et heureux", a commenté une infirmière de 56 ans, Lessie Kiefer, dans un concert de klaxons assourdissants et de vuvuzelas dans Harare.

"Trop c'est trop, Mugabe doit partir", "Repose en paix Mugabe", "Non à la dynastie Mugabe", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants euphoriques. Fait rare, des Zimbabwéens blancs étaient aussi présents.

Historique ..... hallucinant on dirait que toute la ville est la https://t.co/Tih81qWVm6

  Jean Philippe Remy (@jpremylemonde) 18 novembre 2017

Les manifestations organisées dans la capitale Harare et la deuxième ville du pays, Bulawayo (sud-ouest), ont rassemblé des citoyens de tout bord politique et de toute couleur. Des proches du parti au pouvoir, la Zanu-PF, mais aussi de l'opposition, des Noirs et, fait rarissime, des Blancs, tous unis contre un seul homme : Robert Mugabe.

Elles ont débuté dans la matinée, pacifiquement, dans une ambiance de fête. Un journaliste de l'AFP a cependant constaté à la mi-journée que des militaires avait stoppé les marcheurs qui se dirigeaient en direction du palais présidentiel, provoquant leur incompréhension. Ces derniers se sont assis sur la chaussée en signe de protestation, à quelques 200 mètres du palais.

Parallèlement, des milliers de manifestants se dirigeaient vers la résidence privée de Robert Mugabe, située dans la banlieue d'Harare.

Une intervention inédite de l'armée

L'intervention de l'armée représente un tournant dans le long règne du dirigeant, le plus vieux de la planète, marqué par la répression de toute opposition et une grave crise économique. Environ 90 % de la population active est au chômage.

Les manifestants ont répondu à l'appel des anciens combattants du Zimbabwe - acteurs incontournables de la vie politique - et de mouvements de la société civile, dont le mouvement ThisFlag du pasteur Ewan Mawarire, un des acteurs clés d'une fronde anti-Mugabe réprimée en 2016 par les forces de sécurité.

À 93 ans, Robert Mugabe se retrouve de plus en plus isolé, abandonné par ses alliés les plus précieux : après l'armée et les anciens combattants, les sections régionales du parti au pouvoir, la Zanu-PF, l'ont à leur tour lâché vendredi soir.

La Zanu-PF se réunira dimanche pour discuter de son départ. "Il y a une réunion du comité central demain (dimanche) pour endosser les résolutions prises hier (vendredi) par les provinces", a déclaré à l'AFP un député sous couvert d'anonymat. Il faisait référence à l'appel lancé par l'écrasante majorité des sections régionales du parti de voir Robert Mugabe démissionner de son poste de chef de l'État.

Dimanche toujours,  "le président Mugabe rencontrera le commandant en chef des forces de défense du Zimbabwe", a annoncé dans la soirée la présentatrice du journal télévisé de la ZBC, média d'État, en citant le prêtre catholique Fidelis Mukonori, médiateur dans les négociations.

Avec AFP