
Le siège social d'Euroclear, le géant de la finance qui détient la majorité des avoirs russes gelés à Bruxelles, le 23 octobre 2025. © Geert Vanden Wijngaert, AP
L'utilisation des avoirs russes gelés est un casse-tête pour les Européens, qui subissent des "pressions". Un haut responsable ukrainien a ainsi affirmé, mercredi 17 décembre à l'AFP, que le gouvernement de Donald Trump pousse les pays européens à "renoncer à l'idée" d'utiliser les avoirs russes gelés dans l'Union européenne (UE) afin d'aider l'Ukraine.
"Sept pays ne soutiennent déjà pas publiquement cette idée", a poursuivi ce responsable, sous couvert d'anonymat, ajoutant que le président Volodymyr Zelensky se rendait à Bruxelles pour convaincre les Européens, réunis jeudi en sommet, d'utiliser ces actifs.
Un responsable américain, sous couvert d'anonymat, a lui affirmé mercredi à l'AFP que c'était les Européens qui demandaient "discrètement" à Washington d'intervenir concernant ce sujet car "ils ne veulent pas dire publiquement qu'ils sont contre" l'usage des avoirs.
"Ils ont peur des dégâts sur le long-terme que cela ferait aux investissements dans leur système et à la crédibilité de leurs institutions", a ajouté ce responsable américain.
Des avoirs comme monnaie d'échange pour parvenir à un accord ?
Quelque 210 milliards d'euros de la Banque centrale russe sont actuellement immobilisés dans l'UE. Ils ont été gelés par les Occidentaux après l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
Dans la première version du plan du président américain pour mettre fin au conflit en Ukraine, diffusée fin novembre, il était proposé de remettre une partie de ces avoirs aux États-Unis et au Kremlin pour différents projets.
Même si ce plan a été amendé depuis à plusieurs reprises, cette position initiale montre que les États-Unis semblent vouloir utiliser ces avoirs en tant que monnaie d'échange pour parvenir à un accord, en soulevant la possibilité que Moscou puisse récupérer une partie des sommes en jeu.
"Les Ukrainiens et les Russes ont affirmé chacun clairement leurs positions concernant les avoirs gelés et notre seul rôle est de faciliter un va-et-vient qui pourrait aboutir à un accord", a déclaré la porte-parole adjointe de la Maison Blanche, Anna Kelly.
Les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne se retrouvent jeudi et vendredi à Bruxelles pour décider, entre autres, des moyens de financer au cours des deux ans à venir l'Ukraine en guerre contre la Russie.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, promeut un plan visant à utiliser les avoirs gelés russes pour accorder à Kiev un prêt de 90 milliards d'euros au cours des deux prochaines années mais cette initiative se heurte à une opposition farouche de la Belgique, qui héberge la majeure partie de ces fonds. Elle redoute des représailles russes ou d'être le seul pays à payer les pots cassés, notamment en cas d'action en justice.
Avec AFP
