WikiLeaks et le fils de Donald Trump ont échangé des messages privés sur Twitter pendant dix mois, avant et après la présidentielle américaine, révèle The Atlantic. Simples DM entre adultes consentants ou preuve d'une entente avec un agent russe ?
La pression est montée d’un cran pour l’administration Trump après les révélations du site The Atlantic, lundi 13 novembre, sur les échanges entre WikiLeaks et Donald Trump Jr. sur Twitter pendant dix mois, avant et après l’élection présidentielle américaine de novembre 2016. C'est la première fois que des liens directs sont avérés entre un membre de la campagne de Donald Trump et le site de Julian Assange, accusé d'avoir nui à Hillary Clinton en publiant des e-mails de son chef de campagne John Podesta quelques semaines avant le vote.
Cette correspondance, confirmée par le fils du président des États-Unis, a été remise au Congrès américain dans le cadre des enquêtes sur les éventuels liens entre les membres de la campagne de Donald Trump et la Russie.
WikiLeaks insistant, Trump Jr. peu disert
Lors de ces échanges, WikiLeaks apparaît très insistant et désireux d’aider le camp républicain : il avertit le fils du futur président de la mise en ligne imminente d'un site anti-Trump, lui souffle qu'il y a de quoi salir la candidate démocrate dans les e-mails de Podesta et conseille de contester une éventuelle victoire d’Hillary Clinton.
Après l’élection de Donald Trump, le 8 novembre 2016, Wikileaks revient à la charge pour suggérer au fils du nouveau président de faire pression pour que Julian Assange devienne l’ambassadeur de l’Australie aux États-Unis.
Circulez, il n’y a rien à voir, assurent les pro-Trump. Leur ligne de défense : il s’agit d’un échange de DM ("direct messages", messages privés sur Twitter) entre adultes consentants, durant lequel le fils du président fait preuve de prudence. Donald Trump Jr. se montre, en effet, très peu disert. Il n'a répondu qu'à trois reprises aux nombreux messages de WikiLeaks, et de manière lapidaire. "Ces documents ne nous posent aucun problème et nous pourrons facilement répondre à toutes questions les concernant", a assuré Alan Futerfas, l’un des avocats de Donald Trump Jr., après les révélations de The Atlantic.
Here is the entire chain of messages with @wikileaks (with my whopping 3 responses) which one of the congressional committees has chosen to selectively leak. How ironic! 1/3 pic.twitter.com/SiwTqWtykA
Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) 14 novembre 2017Les détracteurs du président voient l'affaire d'un autre œil. Pour eux, ces révélations prouvent que des membres de la campagne de Trump ont menti. En octobre 2016, alors que WikiLeaks avait déjà contacté le fils du candidat républicain, le futur vice-Président Mike Pence avant nié, sur la chaîne conservatrice Fox News, tout contact entre son camp et le site de Julian Assange.
Mensonges et collusion
Alors que l’enquête sur l’ingérence russe durant l’élection présidentielle tourne autour de la dissimulation de contacts entre Moscou et des proches de Donald Trump, ces messages renforcent l’impression d’une équipe de campagne qui cache plus d’un squelette dans son placard.
D’autres vont plus loin et assimilent cette correspondance à de la collusion avec une puissance étrangère. WikiLeaks est soupçonné d’avoir été utilisé – consciemment ou non – comme arme d’influence massive par les services de renseignement russes, qui lui auraient fourni les e-mails de John Podesta. En répondant, Donald Trump Jr. aurait communiqué avec un véhicule d’un État étranger qui cherchait à influencer un vote.
Un argument qui semble légalement tiré par les cheveux, estime le site Law & Crime. Dépeindre WikiLeaks en agent russe est discutable en soi. Surtout, le fils de Donald Trump a "peut-être fait une erreur de jugement", mais il n’y a jamais eu d’échange d’informations sensibles durant ces discussions en ligne, souligne le site, qui a demandé leur avis à plusieurs juristes.
En fait, cette correspondance écorne davantage la réputation de WikiLeaks. Chantre de la transparence absolue pour les autres, il ne semble pas s’appliquer le même principe. Après l’élection de Donald Trump, WikiLeaks avait soutenu, lors d’une session de questions réponses sur le site communautaire Reddit, que "les affirmations que nous nous sommes entendus avec l’équipe Trump sont sans fondement et fausses".