Une supernova située à plus de 500 millions d’années-lumière de la Terre a explosé cinq fois durant ces deux dernières années. Mais elle ne meurt pas et s'obstine à vivre, défiant nos connaissances dans le domaine.
Les supernovas sont supposées être des étoiles en train de mourir dans une gigantesque déflagration de matière et d’énergie. On peut observer leur explosion à 10 milliards d’années-lumière avant qu’elles ne s’éteignent, petit à petit, en quelques mois. Tout ce qu’il reste ensuite, c’est une petite étoile à neutron ou un étrange trou noir au beau milieu de l’univers.
Mais nous en avons découvert une qui s’obstine à vivre. Une étoile située à plus de 500 millions d’années-lumière de la planète Terre et qui a explosé cinq fois durant ces deux dernières années. Selon le Washington Post, elle a déjà libéré autant de matière que si Jupiter explosait cinquante fois.
Comme l’écrivent de nombreux scientifiques dans la revue scientifique Nature, ce jeudi 9 novembre, le fait que cette supernova arrive à survivre à l’un des événements les plus destructeurs de la nature devrait nous interroger : que savons-nous vraiment de ce phénomène ?
iPTF14hls, la supernova qui ne voulait pas mourir
L’histoire débute le 22 septembre 2014, lorsque des scientifiques travaillant à l’Intermediate Palomar Transient Factory (IPTF), à San Diego, en Californie, scrutent le ciel nocturne à la recherche d’événements comme l’explosion de supernovas. Ils en découvrent une à proximité de la constellation de la Grande Ourse qui n’a, au premier coup d'œil, rien de très original.
Les scientifiques privilégient la théorie de la "supernova à instabilité de paire" qui affirme qu’une étoile avec la masse d’au moins 100 soleils peut exploser de multiples fois
Mais, quatre mois plus tard, ils se rendent compte qu’au lieu de perdre en intensité, la lumière de la supernova n’a cessé de s’intensifier. Quand une étoile meurt et explose, sa luminosité atteint celle de 100 millions de soleils durant environ 3 mois, puis s'éteint. Nommée iPTF14hls, la supernova de l’IPTF a survécu durant plus de deux ans, durant lesquels sa luminosité a augmenté et s’est éteinte au moins cinq fois, dans un cycle répétitif.
Pourquoi ? La réponse reste mystérieuse. Selon le Guardian, les scientifiques de l’IPTF privilégient la théorie de la "supernova à instabilité de paire", établie dans les années 1960 et qui affirme qu’une étoile avec la masse d’au moins 100 soleils peut exploser de multiples fois avant de mourir. Selon cette théorie, la matière se précipitant hors de l’étoile en explosion pourrait entrer en collision avec de la matière précédemment rejetée, produisant des séquences de luminosité éblouissante et spontanée au moment des impacts.
Mais cette théorie n’a jamais vraiment été vérifiée, malgré plusieurs tentatives. iPTF14hls pourrait donc être la première supernova assez massive pour créer ce phénomène exceptionnel. Néanmoins, l’hypothèse ne peut expliquer complètement toutes les données obtenues lors de cet évènement. Par exemple, Iair Arcavi, astronome au Las Cumbres Observatory, en Californie, et principal auteur de l'article paru dans Nature, a expliqué au Guardian qu'une explosion similaire, située au même endroit, avait eu lieu en 1954. Selon les calculs de son groupe scientifique, encore relayés par le quotidien britannique, il y aurait 95 à 99 % de chances qu'il s'agisse de la même étoile.
Cela serait-il vraiment possible ? Nous n'en avons aucune idée. D'autant plus que, lorsqu'on observe la supernova actuellement, on lui donnerait seulement "un âge de deux mois", selon Iair Arcavi. Les scientifiques ayant observé la mort de l’étoile depuis 2014 auront bientôt accès à des télescopes plus puissants, notamment Hubble, pour observer son évolution. On a hâte d’avoir le fin mot de cet supernov-histoire.
Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.