logo

Le Hamas cède les frontières de Gaza à l'Autorité palestinienne

Le Hamas et le Fatah ont passé, mercredi, un test majeur de leur accord de réconciliation, avec le transfert du contrôle des frontières de Gaza. La réouverture du point de passage vers l'Égypte ne dépend plus que du bon vouloir du Caire.

Conformément à leur accord de réconciliation, les deux frères ennemis palestiniens le Fatah et le Hamas, ont mis en œuvre, ce mercredi 1er novembre, le transfert du contrôle des postes frontières de la bande de Gaza. Ils étaient jusqu’ici sous la responsabilité du second, qui dirige le territoire palestinien depuis 2007 et son coup de force sanglant contre son rival, qui administre de son côté la Cisjordanie.

Désormais placés sous le contrôle du chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, les trois passages concernés sont ceux d'Erez et de Kerem Shalom, à la frontière israélienne, et dans le sud, celui de Rafah, le très stratégique poste frontière entre l’Égypte et le territoire palestinien.

Une réouverture espérée mi-novembre

Le transfert de responsabilité de ces postes, qui était au cœur des négociations entre l’Égypte, l’Autorité palestinienne et son rival le Hamas, est un point essentiel de l'accord de réconciliation inter-palestinien paraphé le 12 octobre au Caire. Si la réouverture des passages vers Israël n’est pas d’actualité, celle du terminal de Rafah est vitale pour les Gazaouis, coupés du reste du monde par les blocus égyptien et israélien, et qui font face depuis 2007 à une situation humanitaire et économique de plus en plus critique.

"Ce qui est important, au-delà du transfert de contrôle du passage de Rafah, c’est sa réouverture, qui est très attendue par les Gazaouis, dont la vie et les droits humains les plus basiques, comme la liberté de mouvement et de circulation, dépendent énormément de cette frontière", souligne le ministre de l'Enseignement supérieur de l'Autorité palestinienne Sabri Saidam, interrogé par France 24. En effet, des milliers de Palestiniens attendent de sortir de l’enclave pour se faire soigner, se ravitailler, voyager, étudier ou encore pour visiter des proches.

"L’Autorité palestinienne espère que le passage de Rafah sera rouvert d’ici la mi-novembre, confie le ministre. Mais pour ce faire, nous comptons sur la coopération de la partie égyptienne, qu’il faut saluer pour le rôle déterminant qu’elle a joué dans cet accord, et nous attendons qu’elle propose un programme et un agenda clairs pour sa réouverture".

À l’Égypte "de respecter sa part du contrat"

Le Caire, qui maintient sa frontière en représailles contre le Hamas, accusé de favoriser l'insurrection jihadiste qui ensanglante le Sinaï contigu à Gaza, avait justement posé comme condition que le passage soit placé sous la responsabilité exclusive de la garde présidentielle palestinienne. Question de confiance, qui est aussi une condition exigée par le gouvernement israélien.

Ce n’est donc pas un hasard si, ce mercredi, des responsables égyptiens étaient sur place pour superviser le transfert de contrôle du terminal, ouvert qu’en de rares occasions ces dernières années. "Une délégation des renseignements égyptiens, arrivée hier à Gaza, est présente sur le terrain pour suivre de près et participer aux opérations de transfert", confirme Sabri Saidam. Des drapeaux palestiniens et égyptiens ainsi que de grandes photos du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et de son homologue Mahmoud Abbas étaient visibles au-dessus du passage.

"L’ouverture de ce poste-frontière ne dépend pas des Palestiniens, mais bel et bien des Égyptiens, qui ont fixé leurs conditions, rappelle Moustafa Saouaf, politologue installé à Gaza, sur l’antenne arabe de France 24. Elles ont été respectées, au Caire de respecter sa part du contrat".

"Tous les voyants sont au vert"

En attendant, les deux rivaux palestiniens, qui viennent de passer avec succès un test très attendu, doivent se rencontrer au Caire avant la fin du mois pour discuter de la formation d'un gouvernement d'unité.

Jusqu’ici, le Hamas, récemment très affaibli par la mise au ban de son protecteur qatari, montre patte blanche et semble engagé sur le chemin de la réconciliation. "Il existe une réelle volonté pour poursuivre ces efforts qui visent à concrétiser et consolider cette réconciliation, et pour l’instant tous les voyants sont au vert", juge Moustafa Saouaf.

Néanmoins de nombreuses questions, dont certaines demeurent très sensibles, restent à traiter. "On ne peut pas dire que tous les dossiers sont réglés, confie le ministre de l'Enseignement supérieur de l'Autorité palestinienne Sabri Saidam, le prétendre serait précipité, car il reste des sujets importants à discuter, à commencer par la sécurité à Gaza".

Les deux parties ont en effet laissé de côté la question centrale de l’arsenal du Hamas, que Mahmoud Abbas, à l’instar du gouvernement israélien, veut démanteler, et qui pourrait peut-être venir perturber cette tentative de réconciliation.