Le bras de fer se poursuit entre Mamadou Tandja, qui souhaite prolonger son mandat à la tête du Niger, et l'opposition politico-syndicale. Alors qu'une grève générale a été interdite, les syndicats ont maintenu leur appel à la mobilisation.
AFP - L'épreuve de force au Niger entre le président et un front d'opposition politico-syndical s'est durcie jeudi avec la décision d'un tribunal de décréter illégale une grève générale de 48 heures destinée à faire reculer Mamadou Tandja sur ses projets de rester au pouvoir.
Un juge d'un tribunal de Niamey a pris mercredi soir une ordonnance selon laquelle le préavis de grève générale lancé pour jeudi par les sept centrales syndicales du pays était "illégal ainsi que les actes subséquents qui pourraient en découler", ont rapporté les médias officiels.
Les dirigeants syndicaux ont décidé jeudi de ne pas lever leur mot d'ordre de grève.
Dans la capitale, la situation semblait normale à la mi-journée : magasins, banques et marchés étaient ouverts. Aucun déploiement particulier de forces de l'ordre n'a été observé dans le centre-ville où la circulation était habituelle.
Mais selon le secrétaire général de la Confédération démocratique des travailleurs du Niger (CDTN), Issoufou Sidibé, "des milliers de travailleurs de tous les secteurs ont suivi la grève, surtout à l'intérieur du pays".
Le syndicaliste a toutefois admis auprès de l'AFP que ceux qui avaient entendu la décision de justice sur les médias officiels étaient allés travailler.
L'ensemble des syndicats du Niger avait annoncé mercredi une grève pour contraindre le président Tandja à abandonner son projet de se maintenir au pouvoir après deux quinquennats, par le biais d'un référendum portant sur une nouvelle Constitution et prévu le 4 août.
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mohamed Ben Omar, a expliqué jeudi sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) que la grève avait "été déclarée illégale parce que ses motivations ne sont pas propres à des revendications de travailleurs mais purement politiques".
"Un argument fallacieux", a réagi M. Sidibé. Selon le responsable syndicaliste, les centrales syndicales n'ont pas reçu de document attestant de l'interdiction. "Il n'y a que le gouvernement qui soit au courant de cette ordonnance de justice."
Jeudi également, un responsable de l'opposition nigérienne regroupée dans le Front de défense de la démocratie (FDD), qui s'oppose vivement au projet de M. Tandja, a annoncé que la municipalité de Niamey avait interdit une manifestation contre le référendum prévue dimanche.
A 71 ans, Mamadou Tandja doit normalement se retirer le 22 décembre, mais il est plus inflexible que jamais et a décidé de maintenir la consultation du 4 août pour rester en fonction jusqu'en 2012 puis se représenter autant qu'il le souhaite.
Mercredi soir, il a affirmé qu'il ne cèderait pas à la pression de la communauté internationale, qui brandit la menace de sanctions. "On veut que je recule parce que l'opinion internationale veut que je le fasse, mais je ne le ferai jamais !", a-t-il affirmé à la télévision d'Etat.