L'administration de Donald Trump vient d'annoncer la suppression d'une réglementation initiée par Barack Obama, qui obligeait les entreprises à indiquer les différences de salaires des employés en fonction de leur genre et de leur origine.
La Maison Blanche a annoncé mardi 29 août la fin d'une réglementation qui obligeait les entreprises à rendre compte des différences de rémunération de leurs salariés selon leur genre et/ou leur origine.
Cette décision vise un élément majeur de toute une législation mise en place par Barack Obama pour mettre fin aux inégalités de salaire. Son gouvernement avait étendu en janvier 2016 l'envergure du contrôle sur les opportunités en matière d'emploi afin d'y inclure les différences de salaire. L'administration Obama espérait ainsi mettre au jour les discriminations systémiques de salaire subies par les femmes et les personnes issues de minorités ethniques, un problème persistant dans la société américaine en partie à cause de l'absence de données.
Le gouvernement de l'ancien président soutenait aussi le Paycheck Fairness Act, qui obligeait les entreprises à justifier les écarts de salaire sur la base de la performance et non du sexe, mais qui n'a jamais été approuvé par le Congrès.
The Paycheck Fairness Act will give women better tools to fight for #EqualPay. It's time for Congress to act.
— Barack Obama (@BarackObama) 10 juin 2013
"Le Paycheck Fairness Act donnera aux femmes de meilleurs outils pour se battre pour un salaire égal. Il est temps que le Congrès agisse."
Jusqu'ici, les États-Unis collectaient déjà des données sur le genre et la diversité ethnique de sa population active. Mais jusqu'à cette décision de l'administration Obama, les entreprises n'avaient jamais eu à y inclure les salaires correspondants.
Une charge "inutilement pesante" pour les entreprises
Seules les entreprises de 100 ou plus salariés et d'autres – plus réduites mais ayant des contrats fédéraux – devaient souscrire à cette nouvelle obligation. Et elles se sont immédiatement plaintes de la pression que cette règle faisait peser sur leur fonctionnement, s'interrogeant sur l'utilité de telles données et sur la sécurité avec laquelle elles seraient gérées.
"J'espère que cette décision va provoquer un débat pour trouver d'autres solutions plus efficaces"
Comme on pouvait s'y attendre, Donald Trump les a écoutées. Le memo intimant à la Commission sur l'égalité d'opportunité de l'emploi de supprimer cette réglementation l'a qualifiée d'"inutilement pesante", soutenant que les données manquaient "d'utilité pratique" et mentionnant ces mêmes inquiétudes concernant leur confidentialité, selon le Wall Street Journal.
"J'espère que cette décision va provoquer un débat pour trouver d'autres solutions plus efficaces", a déclaré Victoria Lipnic, membre du Bureau de l'information et des affaires réglementaires, à l'origine de la décision.
Les défenseurs de la politique d'Obama soutiennent la nécessité de collecter de telles données pour mieux comprendre les inégalités de salaires de manière générale, plutôt que de se baser sur des anecdotes ici et là.
Une vision d'ensemble sur les inégalités de salaire
"Nous étions au courant de ces discriminations à cause d'une feuille de papier oubliée sur la photocopieuse ou parce qu'une personne se plaignait de son salaire auprès de ses collègues", racontait Jenny Yang, prédécesseure de Victoria Lipnic durant les années Obama, lors d'une conférence en juin 2017. "Avoir des données sur les salaires nous aidera à identifié des schémas qui pourront servir à de futures enquêtes."
Cette décision de la Maison Blanche survient alors même que le débat autour des discriminations, notamment de genre, fait rage aux États-Unis. Dans la Silicon Valley notamment, les femmes et les personnes issues de minorités ethniques restent rares. Les cultures d'entreprise et les structures d'investissement font souvent bloc contre elles.
Google est actuellement sous le coup d'une enquête du gouvernement pour des écarts de salaire "extrêmes" et systématiques, et l'ancien PDG d'Uber Travis Kalanick a dû faire profil bas – avant d'être tout simplement remplacé – après de nombreux scandales, notamment des soupçons de harcèlement sexuel au sein de l'entreprise. Un climat néfaste pour les femmes en entreprise, mais qui sera difficile à prouver à l'avenir sans données et chiffres tangibles.
– Retrouvez aussi l'article de Patrick Kulp sur Mashable.
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