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Une manifestation demandant la démolition des deux villas de Pierre Ferracci, PDG du groupe Alpha, dans un site protégé de la Rondinara en Corse-du-Sud, a eu lieu dimanche à l'appel de quatre associations de défense de l'environnement.

À l'appel de quatre associations de défense de l'environnement, une manifestation a eu lieu dimanche 13 août à la Rondinara, près de Bonifacio, en Corse-du-Sud, pour demander la démolition de deux villas. Construites sur ce site protégé par Pierre Ferracci, PDG du groupe Alpha et proche d'Emmanuel Macron, elles sont au cœur d'une bataille judiciaire depuis début juillet.

#arundinara rassemblement devant la propriété Ferracci pic.twitter.com/Only57p0lm

— Fiamma Marion (@maafii6) 13 août 2017

La justice n'a pas ordonné la démolition des deux bâtisses, construites sur les hauteurs de la plage de Rondinara, au grand dam d'associations, dont U Levante, qui craignent "une bétonisation illimitée de lieux, pour l'instant indemnes, par des personnes fortunées qui se moqueront d'avoir à payer une amende". Les associations ont saisi la Cour de cassation, et une pétition en ligne réclamant "la démolition systématique des constructions illégales en espaces protégés" a recueilli près de 40 000 signatures.

"J'ai reconnu avoir modifié un permis, qui était totalement légal, et j'ai été condamné à une lourde peine d'amende, d'un million d'euros, que je n'ai pas contestée", s'est défendu Pierre Ferracci, précisant que "les deux maisons font moins de 500 m2, à savoir 240 et 245 m2. Et non 600 m2 l'une comme j'ai pu l'entendre".

Un permis pour cinq maisons, soit 898 m2 avait d'abord été déposé en 1996 puis refusé un an plus tard, hors délai, par la commune de Bonifacio. La cour administrative d'appel de Marseille avait donné raison, en 2006, à Pierre Ferracci. Mais ni les deux constructions, terminées en 2013, ni leur emplacement ne correspondent au permis initial.

Dans son arrêt, la cour d'appel de Bastia reconnaît néanmoins que "même s’il s’agit de constructions édifiées en zone remarquable où elles sont interdites et n’auraient, dès lors, jamais dû être édifiées, par leur surface, leur volume et leur implantation, elles sont moins préjudiciables à l’environnement que celles qui avaient été autorisées par le permis tacite".

S'agissant de ses liens avec Emmanuel Macron ou encore le maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci, l'homme d'affaires a indiqué que "l'un comme l'autre n'étaient même pas en politique lorsque j'ai entamé les démarches pour construire ces maisons".

#Corse
Ma réaction suite au jugement de la Cour d'Appel de Bastia sur les permis Ferracci à Rondinara.#Vérité #Justice #Environnement pic.twitter.com/4uq9cXdoFE

— Jean-Charles ORSUCCI (@OrsucciJC) 8 juillet 2017

Autres plaintes

Trois associations de défense de l'environnement, dont deux sont à l'origine de la manifestation de dimanche (U Levante et ABCDE), ont parallèlement déposé plainte, le 17 juillet, contre les exploitants du domaine de Murtoli, à Sartène (Corse-du-Sud). Le propriétaire Paul Canarelli y a fait construire des "bergeries", suites hôtelières de luxe en bord de mer. Selon les associations, les bâtiments y ont été construits illégalement et sur un site classé.

"Ces associations pratiquent l’activisme sélectif pour recréer un buzz médiatique artificiel et inadmissible autour de problèmes qui ont été déjà soit appréciés par le parquet soit jugés par le tribunal et qui ont considéré qu’il n’y avait aucune infraction", a déclaré à l’AFP Philippe Dehapiot, avocat du domaine de Murtoli.

Les militants n'en sont pas à leur premier combat contre les constructions sur des sites classés, et ont quelques victoires à leur actif comme l'ordonnance de démolition, en mai 2015 par le tribunal de Grande instance d'Ajaccio, de la villa de l'ancien pilote de course Guy Martinolle à Bonifacio.

"Cela fait un moment que les associations de défense de l’environnement sont actives. Les militants prennent beaucoup de risques. Certains ont été menacés. Récemment [en novembre 2016], une bombe a été posée devant la maison d’une militante. Une voiture a sauté", explique la journaliste d'investigation Hélène Constanty à France Info. "Les maires ne jouent pas leur rôle, ils ne devraient pas accorder des permis aussi facilement à certains endroits. L’État n’est pas suffisamment vigilant."

Avec AFP