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Journaliste arrêté en Turquie : "Loup Bureau n’est pas en centre de rétention, mais en prison"

Après l'arrestation du journaliste français Loup Bureau en Turquie, RSF s'est alarmé de l'emprisonnement du reporter, accusé de terrorisme. Selon l'ONG, des diplomates français tenteront d'organiser une rencontre jeudi.

La situation est "extrêmement" inquiétante. Quelques jours après l'annonce de l'arrestation en Turquie du journaliste français Loup Bureau, Reporters sans frontières a estimé, jeudi 3 août, que le cas du reporter était plus grave que celui de Mathias Depardon et Olivier Bertrand, eux aussi arrêtés et détenus pendant plusieurs jours. "Loup Bureau n’est pas en centre de rétention, comme ils l'étaient, il est en prison", précise Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l'Est et Asie centrale de Reporters sans frontières (RSF) à France 24.

Après avoir passé cinq jours en garde à vue, Loup Bureau a en effet été incarcéré dans la ville de Sirnak, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, province frontalière de l'Irak et de la Syrie.

Le journaliste n'a, pour le moment, pu entrer en contact qu'avec son père et doit rencontrer l'avocat turc choisi par sa famille. Arrêté la semaine dernière à la frontière avec l'Irak, en possession de photographies et d'interviews avec des combattants kurdes, il est soupçonné d'activités terroristes en lien avec les combattants kurdes de Syrie.

"Nous allons essayer de prouver qu’il ne faisait que son travail [...] Mais il y a dans la justice turque une culture de la criminalité par association qui suppose que dès qu’un journaliste entre en contact avec une personne accusée de terrorisme, il est, lui aussi, concerné par ces accusations", explique Johann Bihr. Et d'ajouter que des diplomates français tentaient jeudi d'organiser une rencontre avec le journaliste.

Assistance présumée à une organisation terroriste

Loup Bureau a été présenté, le 1er août, devant un tribunal de Sirnak, la capitale provinciale. Il a été placé en détention pour assistance présumée à une organisation terroriste.

Le ministère français des Affaires étrangères a affirmé suivre "avec la plus grande attention la situation".

Il y a trois ans, Loup Bureau a réalisé un reportage consacré aux miliciens kurdes des YPG diffusé par TV5 Monde et reproduit sur sa page sur le site de partage de vidéo Vimeo.

Ankara considère les YPG comme une extension des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui opèrent dans le sud-est du pays, et considérés par la Turquie, mais aussi les États-Unis et l'Union européenne, comme une organisation terroriste.