
Des milliers de scientifiques du projet Manhattan ont vécu dans une ville fantôme nichée dans les montagnes du Nouveau-Mexique pour doter les États-Unis de la bombe nucléaire pendant la Seconde Guerre mondiale.
PO Box 1663, Santa Fe, New Mexico. Une seule adresse, et derrière elle des milliers de scientifiques déterminés à percer le mystère de la bombe nucléaire. Des laboratoires, des habitations, une bibliothèque, une école, un magasin… En pleine Seconde Guerre mondiale, une ville fantôme a jailli dans les montagnes du Nouveau-Mexique. Les scientifiques qui y ont travaillé étaient tenus de garder secrète l’existence de Los Alamos, invisible sur la carte. Mais entre deux enrichissements d’uranium, ceux qui ont mis au point les bombes lâchées sur Nagasaki et Hiroshima ont bu, mangé, fait du sport, de la musique, la fête et fait des bébés.
En 1943, Robert Oppenheimer, le responsable du projet Manhattan – destiné à doter les États-Unis de la bombe nucléaire le plus rapidement possible – décide de centraliser les recherches dans un seul et même endroit. Il jette son dévolu sur Los Alamos, nichée dans les montagnes du Nouveau-Mexique, la zone est idéale pour garder à l’abri des regards les avancées des meilleurs ingénieurs américains qui planchent sur la mise au point de la bombe atomique.
La vie à Los Alamos
À partir d’un ranch, une ville entière se construit. Autorisés à venir avec femmes et enfants, les scientifiques du projet Manhattan n’ont le droit de révéler l’existence de Los Alamos ni à leur famille ni à leurs amis. En 1945, plus de 5 000 personnes vivent dans la ville secrète aménagée par le gouvernement américain. Lors de rares occasions, les ingénieurs de Los Alamos sont autorisés à sortir de la cité pour visiter les montagnes alentours ou Santa Fe, la ville la plus proche.
Les enfants qui y naissent prennent la boîte postale PO Box 1663, Santa Fe comme ville de naissance. "Il n’y avait aucun crime à Los Alamos. Pas de kidnapping. C’était un endroit idéal pour avoir des enfants, grandir et avoir une telle liberté", a expliqué Dolores Heaton, qui a grandi dans la ville du projet Manhattan. Quand ils n’ont pas école, à Los Alamos, les enfants vont et viennent les uns chez les autres.
Et quand les adultes ne sont pas au laboratoire, ils vont et viennent aussi les uns chez les autres. À Los Alamos, les soirées sont fréquentes, "pour relâcher la pression". "Nous étions fatigués. Nous étions tellement fatigués", a raconté Elsie McMillan, une des femmes d’un chercheur de Los Alamos. "Nous faisions des fêtes oui, de temps en temps, et je n’ai jamais bu autant que dans ces soirées. Parce que vous avez besoin de relâcher la pression, libérer votre âme." "L’ingrédient principal du punch dans les soirées dans les dortoirs était l’alcool éthylique des stocks des laboratoires", se souvient Albert Bartlett, un des scientifiques du projet Manhattan.
En 1945, la bombe est prête. C’est à Los Alamos que Little Boy et Fat Man, les deux bombes nucléaires lâchées sur Hiroshima et Nagasaki au Japon sont confectionnées. Une fois la guerre finie, les infrastructures de Los Alamos ont continué à être utilisées pour la recherche. Et encore aujourd’hui, plusieurs milliers de scientifiques affiliés à l’université de Californie y travaillent.
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