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Décès de Jean-Jacques Susini, co-fondateur de l'OAS et fervent défenseur de l'Algérie française

Jean-Jacques Susini, ancien chef de l'Organisation de l'armée secrète (OAS), est mort à 83 ans début juillet. Au nom d'un attachement viscéral à l'Algérie française, il n'a jamais manifesté de remords pour les attentats commis dans les années 60.

Il était l'un des derniers nostalgiques de l'Algérie française. Jean-Jacques Susini, fondateur de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) en 1961 avec le général Raoul Salan, s'est éteint le 3 juillet à l'âge de 83 ans. Ses obsèques ont eu lieu à Paris le 6 juillet en présence de nombreux adeptes d'une époque révolue. Jusqu'à son dernier souffle, Jean-Jacques Susini, n'a jamais manifesté de remords pour les attentats, notamment contre le président Charles De Gaulle.

Assassinats, enlèvements, torture, attentats aveugles, ratonnades contre des Algériens, au total environ 1 600 morts et 5 000 blessés, il a – presque – tout justifié au nom d'un attachement viscéral à la terre algérienne, sa seconde patrie. C'est tout juste si au début des années 2000 il avait exprimé "des regrets" pour l'attentat le 7 février 1962 à Boulogne-Billancourt au domicile d'André Malraux, ministre de la Culture du général de Gaulle, attentat qui avait fait perdre un œil à une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, et provoqué dans la population un rejet massif de l'OAS.

Jean-Jacques Susini était né à Alger le 30 juillet 1933 dans une famille d'origine corse. C'est sa grand-mère maternelle, admiratrice du dictateur fasciste italien Benito Mussolini, qui lui servira de boussole. Il adhère au parti gaulliste, le Rassemblement du Peuple Français (RPF), pour s'en détacher rapidement. Dès 1958, Jean-Jacques Susini a l'intuition que le fameux "Je vous ai compris" du général de Gaulle à Alger ne signifiait pas "Je suis d'accord avec vous". Et il rejoint le Front national français du cafetier Joseph Ortiz, préfiguration de l'OAS. Alors que les Français du continent veulent l'indépendance de l'Algérie, lui se veut le défenseur des "pieds-noirs", les Français d'Algérie. Avec Jo Ortiz et l'avocat Pierre Lagaillarde, il organise en 1960 à Alger les "Journées des barricades", ce qui lui vaut d'être condamné à deux ans de prison avec sursis.

La haine contre de Gaulle

Jean-Jacques Susini s'exile alors en Espagne où il fonde l'OAS en 1961 avec le général Raoul Salan, dont il dirigera la branche Action psychologique et propagande (APP). En 1962, il regagne Alger avec le général Salan alors que l'Algérie est meurtrie par le terrorisme aveugle de l'OAS et du Front de libération nationale (FLN) algérien. Après l'échec du "Putsch des généraux" mené par Raoul Salan et le début de l'exode des "pieds-noirs", Jean-Jacques Susini prend l'initiative de négocier avec des dirigeants modérés du FLN, négociations conclues par une trêve des attentats et un accord dans lequel le FLN reconnaissait l'OAS comme "le représentant des Européens d'Algérie". Mais, au sein du FLN, ces modérés seront balayés par le futur chef de l'État algérien Ahmed Ben Bella et l'accord jamais mis en œuvre.

La haine de Jean-Jacques Susini pour son ancien héros Charles de Gaulle n'en sera que plus forte et il le rendra responsable de "tous ces gens égorgés comme des lapins, mais aussi de l'exode d'un million de nos compatriotes dans des conditions terribles". En France, l'OAS commettra au moins deux attentats contre le président de Gaulle : le 22 août 1962 au Petit-Clamart et le 15 août 1964 à une cérémonie officielle au Mont-Faron, à Toulon.

Condamné deux fois par contumace à la peine de mort par la Cour de sûreté de l'État, il vit dans la clandestinité en Italie avant de revenir en France à la suite d'une première amnistie accordée en 1968 par le président de Gaulle. Définitivement amnistié en 1981 par François Mitterrand, il fonde une société de gestion en sécurité. En politique, il s'engage au Front national de Jean-Marie Le Pen. Ce dernier avait rendu hommage sur Twitter à son "camarade".

Une affectueuse pensée pour le décès de notre camarade Jean-Jacques Susini. Condoléances très attristées à sa famille.

— Jean-Marie Le Pen (@lepenjm) 3 juillet 2017

Avec AFP