L’ex-président sénégalais, Abdoulaye Wade, brigue un siège de député lors des prochaines législatives. Il est rentré lundi à Dakar après trois ans passés en France.
Il se tient debout, saluant une foule immense par le toit ouvrant de son véhicule cerclé de gardes du corps. La mise en scène est bien orchestrée. La circulation a été momentanément bloquée autour de l'aéroport de Dakar, où son jet privé s’est posé quelques minutes plus tôt. Ses milliers de partisans l’attendent, en liesse. À son passage, certains espèrent saisir ce moment historique sur leur téléphone portable. Après trois années d’absence, Abdoulaye Wade est rentré lundi 10 juillet à Dakar, au Sénégal. "Gorgui" ("le vieux", en wolof) est de retour.
À 91 ans, dont 12 ans au pouvoir de 2000 à 2012, l’ancien président participera à la campagne des élections législatives du 30 juillet. Abdoulaye Wade a été investi comme tête de liste par une coalition d’une vingtaine de partis et associations de l’opposition. L’inoxydable Wade a promis, malgré son âge, de s’y investir pleinement.
Quelques heures seulement après avoir posé le pied dans la capitale sénégalaise, le loup politique reprend du service. Il réserve ses premières piques à son successeur, Macky Sall, qui l'a battu à l'élection présidentielle de 2012. Abdoulaye Wade n’a pas digéré cette cinglante défaite qui le conduira à se retirer en France. "Si j'avais constaté que le Sénégal avait changé en bien, je l'aurais félicité, mais ce n'est pas le cas. Qu'il parte et il peut prendre l'avion qui m'a amené", a-t-il lancé depuis le siège de sa formation, le Parti démocratique sénégalais (PDS) qu’il a créé en 1974.
Selon des observateurs, Abdoulaye Wade vise surtout à obtenir une amnistie pour son fils et ancien ministre, Karim Wade. Ce dernier a été condamné en 2015 à six ans de prison ferme et à plus de 210 millions d'euros d'amende pour "enrichissement illicite". Il vit au Qatar depuis la grâce accordée par le président Macky Sall, en juin 2016.
C’est déjà pour épauler son fils qu’Abdoulaye Wade était rentré au pays en 2014, deux ans après sa défaite contre Macky Sall. Karim Wade était alors détenu et en instance de jugement. Les conditions du retour de l’ex-président avaient été rocambolesques puisque son avion avait été bloqué 48 heures au Maroc avant d’obtenir l’autorisation des autorités d’atterrir à Dakar. L’ancien président n’était resté au Sénégal que quelques mois avant de repartir en France.
Cette fois, en cas de victoire, il pourrait donc rester durablement. Lors de ces élections législatives, Abdoulaye Wade affrontera une autre tête de liste de l'opposition, le maire de Dakar, Khalifa Sall. Mais celui-ci est en détention provisoire depuis le 7 mars pour détournement présumé de fonds publics et fera campagne depuis sa cellule.