logo

Bercy compte économiser 4,5 milliards d'euros sur le dos des ministères

Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a annoncé, dans une interview publiée le 11 juillet dans Le Parisien, que l’État allait économiser 4,5 milliards d’euros sans toucher au train de vie des ménages français.

Quand le gouvernement Philippe prévoit des économies, ce sont les ministres qui trinquent. Gérald darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, a expliqué, dans le Parisien du 11 juillet, que la France allait réduire ses dépenses de 4,5 milliards d’euros uniquement en demandant aux ministères de faire des efforts sur leur frais de fonctionnement. L’objectif du gouvernement avec ce nouveau plan est de rentrer dans les clous budgétaires européens avec un déficit inférieur à 3 % du PIB d’ici la fin de l’année.

Tous les ministères vont être concernés. Bercy va ainsi devoir se passer de 268 millions d’euros, le Quai d’Orsay de 282 millions d’euros et au ministère de l’Intérieur, l’effort va s’élever à 526 millions d’euros. Gérald darmanin a précisé que ces coupes n’entraîneront pas de réduction d’effectifs, pas de baisse de la qualité des services publics et pas de hausses d’impôts.

Les voitures de fonction, encore et toujours

De quoi réjouir les contribuables français. Mais le ministre des Comptes publics s’est montré peu disert sur la nature des économies des uns et des autres. Il a évoqué un effort budgétaire “sans précédent”, impliquant notamment une meilleure “gestion du parc automobile”, des “appels d’offres mieux négociés” et une réduction de l’aide au développement. Preuve concrète de la diète ministérielle, Florence Parly, ministre des Armées, a annulé un déplacement sur la base aérienne de Mont-de-Marsan (Landes), mardi 11 juillet, en raison “des négociations budgétaires en cours”.

Mais “ce n’est pas, bien sûr, en réduisant seulement les frais de voitures de fonction que l’on va trouver 4,5 milliards d’euros d’économie”, constate Raul Sampognaro, spécialiste des finances publiques à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), contacté par France 24.

Pour savoir comment l’État peut dépenser moins, il suffit de compulser les rapports de la Cour des comptes sous l’ère Hollande. Gérald darmanin n’annonce, en fait, rien de bien neuf : “Il est dans la continuité de ce que le précédent gouvernement a fait en faisant 40 milliards d’euros d’économies en quatre ans, sans que cela ait des conséquences directes sur le train de vie des ménages”, rappelle Raul Sampognaro.

Le gouvernement socialiste s’était déjà attaqué au fameux parc automobile, avait réduit le nombre de déplacements officiels ou encore contrôlé plus strictement l’évolution des salaires dans les cabinets ministériels. “Jusqu’ici ces pratiques ont tenu, mais on voit bien qu’il y a des secteurs où ça commence à coincer”, note l’expert de l’OFCE.

Une tout autre histoire en 2018

“La question est de savoir durant combien de temps ils pourront faire ces économies sur les fonds de gestion sans que cela se ressente réellement par les ménages”, poursuit-il. D’après lui, le secteur hospitalier est, notamment, sur le point de craquer et tout effort financier supplémentaire du ministère de la Santé risque de se traduire par une rapide détérioration de la qualité des services fournis.

De plus, l’exécutif ne pourra pas longtemps faire des économies indolores pour les ménages. “Dès 2018, cela va être une autre affaire puisque le gouvernement va chercher en même temps à atteindre les objectifs budgétaires européens [la règle des 3 %] et engager un plan d’investissement, tout en allégeant le poids fiscal”, souligne Raul Sampognaro. Les réformes nécessaires pourraient frapper bien plus directement le portefeuille des Français.