Le roi Mohammed VI a fait part dimanche soir de "sa préoccupation" pour le retard qu'accuse le programme de développement dédié à la ville d'Al-Hoceïma, dans la région du Rif, agitée depuis des mois par un mouvement de contestation.
Le roi du Maroc, Mohammed VI, a tancé ses ministres dimanche soir lors d'une réunion qu'il a présidée à Casablanca. Objet de "sa déception, son mécontentement et sa préoccupation" ? Le retard qu'accuse le programme de développement dédié à la ville d'Al-Hoceïma. Cette ville du nord du Maroc, dans la région du Rif, est agitée depuis presque huit mois par un mouvement de contestation qui revendique le développement de cette région historiquement frondeuse qu'il juge "marginalisée".
Dans un communiqué, le souverain marocain a ainsi reproché à ses ministres la "non exécution", "dans les délais impartis", des projets inscrits dans le programme "Manarat Al Moutawassit" (2015-2019) dédié à Al-Hoceïma. Pour répondre aux revendications dans le Rif, l'État marocain a relancé ou accéléré ce vaste programme de projets d'infrastructures doté d'une enveloppe de 600 millions d'euros, affirmant qu'il répondait à "90 %" aux revendications des contestataires et qu'il sera "achevé dans les délais" (2019).
Mais la police a également procédé depuis le 26 mai à plus d'une centaine d'arrestations, dont les principaux meneurs du mouvement de contestation, accusés notamment "d'atteinte à la sécurité intérieure". De nombreuses voix s'élèvent depuis pour réclamer leur libération, alors que des tentatives de médiation menées par des associations et des élus locaux ont toutes échoué.
Le roi Mohammed VI a ordonné aux ministres de l'Intérieur et des Finances de "mener les enquêtes nécessaires à ce sujet", afin qu'ils "fixent les responsabilités et établissent un rapport dans les plus brefs délais", a ajouté le cabinet royal. Il a aussi décidé de "ne pas autoriser les ministres concernés à bénéficier du congé annuel afin qu'ils assurent le suivi des projets mentionnés". Selon le cabinet royal, Mohammed VI a "mis l'accent sur la nécessité d'éviter la politisation des projets sociaux et de développement réalisés ou leur exploitation à des fins étroites".
Au cours de ce Conseil des ministres, le premier depuis la désignation du gouvernement marocain début avril, le monarque marocain a appelé à accélérer l'adoption d'un projet de loi renforçant l'indépendance du pouvoir judiciaire, et nommé de nouveaux gouverneurs, notamment à Al-Hoceïma.
Avec AFP