logo

Paris 2024 : les opposants aux JO peinent à se faire entendre

Leur combat semble perdu d’avance contre la mairie de Paris et le CIO. Pourtant, les opposants à l’organisation des JO de 2024 dans la capitale, en lice avec Los Angeles, ne renoncent pas à se faire entendre malgré un climat d’indifférence.

Alors que la Mairie de Paris a sorti le grand jeu ce weekend, en organisant des manifestations ludiques et festives dans le cadre de la "Journée olympique", les voix hostiles à l’organisation des Jeux olympiques de 2024 dans la capitale tentent de se faire entendre.

Outre les quelques rares responsables politiques, comme Danielle Simonnet, conseillère de Paris et cadre de La France insoumise, ou les élus du groupe écologiste de Paris, avec à leur tête le maire du 2e arrondissement Jacques Boutault, des collectifs citoyens se battent contre un projet "ruineux".

Parmi eux, le collectif "NON aux JO 2024 à Paris", composé d’une cinquantaine de Franciliens actifs. Ces derniers revendiquent une pétition signée par plus de 20 600 personnes réclamant l’organisation d’un referendum sur l’organisation des JO dans la capitale française, et qui dénonce un "déni de démocratie" de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui s’est lancée dans la course sans aucune consultation.

Le collectif n’entend pas baisser les bras malgré le statut de favori de la capitale. Opposée à Los Angeles la californienne, Paris semble en effet avoir toutes les chances de l’emporter le 13 septembre, à Lima, où le Comité international olympique (CIO) prononcera son verdict.

"Nous ne pensons pas que la bataille est perdue"

"Nous ne sommes pas naïfs, nous savons qu’il y a de très grandes chances que Paris l’emporte, explique Frédéric Viale, un des responsables de ce collectif, qui a organisé des contre-manifestations ce weekend. Nous ne pensons pas que la bataille est perdue, puisqu’il nous restera sept ans pour nous battre".

Toujours est-il que la première manche a été perdue par les opposants aux JO, puisque la candidature parisienne a été au bout du processus, contrairement à la ville de Budapest, qui s’est retirée après qu’une pétition a recueilli plus de 266 000 signatures hostiles aux Jeux.

Une source au sein de la mairie de Paris estime que l’opposition à l’organisation d’un tel évènement est "dérisoire", sur le terrain et sur les réseaux sociaux. "Il suffit de compter la poignée de manifestants mal organisés qui se rassemblent pour protester contre la candidature française", dit la source ayant requis l’anonymat, qui rapelle au passage que le projet fédère autour de lui des sportifs, des élus et la population.

"Nous sommes hélas dans une phase où les gens sont indifférents par rapport à ces JO et aux conséquences de leur organisation, indique Frédéric Viale, qui reconnaît toutefois que la mobilisation contre l’organisation des Jeux à Paris est faible. Une opposition se construit dans le temps, et il est toujours difficile de mobiliser tant que la menace n’est pas réalisée, les gens se réveillent après coup, voire trop tard comme à Rio". Scandales de corruption, sites abandonnés… l’organisation des JO de 2016 laisse un goût amer aux Brésiliens.

"Nous ne sommes pas pour autant inaudibles, nous avons provoqué des réactions et des marques d’intérêts autour de notre combat, nous avons également réussi à récolter plus de 20 000 signatures appelant à un referendum sur cette question et ce, sans relai médiatique, ajoute-t-il. Même si l’on a été sollicité par certains médias, il faut avouer qu’il existe une volonté de verrouiller, de bloquer toute opposition à l’organisation des JO à Paris, à cause d’un consensus politico-économique, soutenu par la majorité des médias et motivé par des intérêts matériels, politique et financiers considérables".

La fête du "pognon et du béton"

L’argument majeur des opposants du projet est économique : la France n’a pas les moyens d’organiser un événement de cette ampleur. En mai dernier, une lettre ouverte signée par plusieurs intellectuels estimant que les JO auront un impact négatif sur l'économie française avait appelé Anne Hidalgo à retirer la candidature de la capitale. En vain. D’autant plus que cette dernière a reçu l’appui du nouveau président de la République, Emmanuel Macron, qui a mis tout son poids politique dans la balance pour que Paris accueille les JO de 2024.

Selon Frédéric Viale, le budget de l’organisation des JO, qui s’élève à plus de six milliards d’euros, est "aussi irréaliste que ruineux". Il affirme qu’il y aura inéluctablement des dépassements budgétaires. "Il suffit de regarder les chiffres astronomiques de tous les derniers JO, argue-t-il. Nous n’avons rien contre le sport, mais nous ne voulons pas sacrifier des générations en nous endettant sur plusieurs décennies pour un évènement qui ne profite jamais aux contribuables, mais plutôt aux sponsors, tout ça pour 15 jours de fête, celle du pognon et du béton".

Sans parler de la facture écologique, estime cet enseignant parisien, qui contredit les propos des organisateurs qui évoquent des Jeux responsables. "Entre les déplacements de millions de personnes qu’engendrera cet évènement planétaire et le bétonnage qui découlera des nouvelles constructions parfaitement inutiles une fois que les compétitions seront terminées, ces JO seront tout sauf verts", plaide-t-il.

Enfin, il dénonce d’un point de vue démocratique une escroquerie politique, "puisque la maire de Paris s’est faite élire en affirmant son opposition aux JO à Paris, avant de retourner sa veste sans consulter la population".