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On sait désormais comment a été sculptée l'idole de Shigir, la plus vieille statue du monde

Imposante et mystérieuse, l'idole de Shigir est une œuvre dont la conception est aussi énigmatique que celle des moaï de l'île de Pâques.

L’idole de Shigir, découverte en 1890 dans une mine d’or de Kirovgrad, petite ville à l’est de l’Oural, en Russie, a été taillée dans le bois il a plus de 11 000 ans. Avec sa bouche en "O" et ses deux simples fentes en guise d’yeux, l’imposante œuvre de 2,80 mètres recèle encore, un siècle après sa découverte, une multitude de mystères.

D’abord, les archéologues et les scientifiques qui l’étudient régulièrement – l’idole est installée au musée d’Histoire régionale de Sverdlovsk à Iekaterinbourg – cherchent à comprendre d’où viennent les hiéroglyphes inscrits dans le bois. Que signifient ces étranges formes géométriques ? Des portraits d’ancêtres, d’esprits, de divinités ? La science ne peut pas encore répondre à ces questions, mais une équipe de scientifiques russes vient de comprendre comment ces motifs ont été taillés : avec des dents de castor.

À l’occasion d’une conférence archéologique internationale à Iekaterinbourg, la semaine dernière, le professeur Mikhail Zhilin a ainsi expliqué le processus de sculptage de la statue originale, qui fait 5,3 mètres de long et avait été sculptée dans du bois de mélèze. "La surface a été polie avec un grain abrasif fin, après quoi l’ornementation a été gravée avec un burin", a-t-il expliqué, comme le rapporte le Siberian Times. "Trois outils différents au moins ont été utilisés, avec différentes épaisseurs de lame."

Les visages et les motifs ont été réalisés en dernier. "Les castors sont idéals pour tailler le bois. (…) En aiguisant leurs incisives, on obtient un excellent outil pour graver des surfaces concaves. "Le professeur aurait trouvé un autre outil créé à l’aide de dents de castors sur un site archéologie relativement proche, Beregovaya 2, au sud-est de l’Oural.

Professeur d’archéologie à l’Académie des Sciences de Russie, Mikhail Zhilin étudie l’idole de Shigir depuis plusieurs années. Il a expliqué ressentir un "sentiment d’admiration", devant cette œuvre trois fois plus vieille que les pyramides d’Égypte et deux fois plus ancienne que le site de Stonehenge, en Angleterre.

"C’est une pièce magnifique, transportant une valeur émotionnelle gigantesque et beaucoup de force. (…) C’est une sculpture unique, il n’y a rien de semblable au monde. Elle est très vivante et très complexe en même temps", a-t-il déclaré à Iekaterinbourg, totalement happé par son sujet. En espérant que sa passion le conduira, un jour, à découvrir la signification réelle des motifs sculptés sur l’idole Shigir.

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