logo

Législatives 2017 : ces nouveaux visages issus de la diversité

"La France de toutes les couleurs" promise par Emmanuel Macron devrait être mieux représentée dans la prochaine Assemblée nationale. Plusieurs candidats aux origines africaines semblent en bonne posture pour y siéger. Focus.

En avril dernier, Emmanuel Macron promettait à ses militants, lors d'un meeting à Paris, une France “plus diverse encore dans cinq ans” : “Il y aura des visages, ceux de la France réelle, […] la France de tous les visages, de toutes les couleurs.” Deux mois plus tard, le chef de l’État semble en passe de tenir sa promesse.

Après le 1er tour des législatives, dimanche 11 juin, plusieurs candidats issus de la diversité et étiquetés La République en marche sont susceptibles de faire leur entrée à l'Assemblée nationale. Parmi eux, l’incontournable Mounir Mahjoubi, ce Franco-Marocain de 33 ans arrivé en tête de la 16e circonscription de Paris avec un score proche de 38 %. Le benjamin du gouvernement, secrétaire d’État chargé du Numérique, a fait sombrer le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, installé dans sa circonscription depuis 20 ans. L’ancien entrepreneur doit encore s’imposer dimanche prochain face à la candidate de la France insoumise Sarah Legrain (20,8 %). En cas de victoire, c'est sa suppléante, Delphine O, qui siègera dans l’Hémicycle.

Autre figure montante du parti du président, Laëtitia Avia, 31 ans. Inconnue il y a encore quelques semaines, cette avocate au barreau de Paris a écumé les plateaux radio et télé pendant la campagne des législatives. Le résultat s’est révélé concluant pour cette femme d’origine togolaise, arrivée largement en tête dans la 8e circonscription de Paris (39,6 %), devant Valérie Montandon LR). Celle qui a grandi en banlieue parisienne, dans des quartiers populaires de Villetaneuse et de Saint-Ouen, et qui a intégré Sciences-Po Paris via des conventions d'éducation prioritaire, souhaiterait poursuivre sa lutte contre les inégalités une fois élue. Elle enseigne par ailleurs à l'école de droit de Sciences Po et à l'école de droit pénal financier de l'université de Cergy-Pontoise.

Autre nouveau venu dans la politique, Jean-Baptiste Djebbari, qui s’est qualifié pour le second tour des législatives dans la 2e circonscription de Haute-Vienne, avec 35,8 % des voix. Ce pilote de ligne et entrepreneur sera opposé, dimanche, à un élu PCF de la région.


Alexandre Aïdara est, lui, loin d’être un néophyte en politique. L’énarque de 49 ans d’origine sénégalaise se trouve en position de force dans la 6e circonscription de Seine-Saint-Denis (Aubervilliers, Pantin). Avec 27,6 % des voix, cet ancien du Parti socialiste qui a travaillé au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sous François Hollande et celui de la Justice avec Christiane Taubira, a battu l’ancienne garde des Sceaux, Élisabeth Guigou, qui avait pourtant récolté 100 % des suffrages au second tour en 2012. Alexandre Aïdara, qui affirme vouloir faire partie de cette "nouvelle génération ambitieuse pour le '9.3'"’ est annoncé comme favori face au candidat de la France insoumise Bastien Lachaud (19,3 %).

Enfin, Claire-Tassadit Houd, un pur produit de la société civile, s'est aussi qualifiée pour le second tour des législatives avec 29,24 % dans la 2e circonscription d'Eure-et-Loir. À 49 ans, cette fille de Harki et cinquième d'une fratrie de 9 enfants travaille depuis 15 ans comme directrice des ressources humaines au sein de groupes internationaux. Après la mort de sa sœur lors des attentats de Paris en 2015, cette macroniste de la première heure s’est investie dans le think-tank "France Positive" et a participé, avec d’autres intellectuels issus de la diversité, à une tribune publiée dans la presse : "Nous sommes au premier rang pour protéger la République".

Dans ce paysage politique qui se veut plus multiculturel, Emmanuel Macron n'a pourtant pas hésité à placer Benjamin Griveaux, le porte-parole du parti, dans la 5e circonscription de Paris pour défier la députée sortante, Seybah Dagoma, originaire du Tchad. Elle est aujourd'hui en ballotage défavorable.