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Tensions dans le Rif : une grande manifestation de solidarité à Rabat

Depuis 15 jours, les manifestations se multiplient à Hoceïma, dans le Rif, pour réclamer la libération des leaders d'un mouvement de contestation. En soutien, un grand rassemblement a eu lieu, dimanche, dans la capitale marocaine.

Dimanche 11 juin, des manifestants ont investi le centre de Rabat, la capitale marocaine, en soutien à la contestation à Hoceïma, où les habitants exigent la "libération" des leaders du mouvement de contestation.

Le cortège s’est étendu sur près d'un kilomètre, sur l'avenue Mohamed VI, principale artère de la ville, jusqu'à la place Bab el-Had, à la lisière de la médina. Selon une source au ministère de l’Intérieur, 12 000 à 15 000 personnes ont participé à ce rassemblement. Sur les réseaux sociaux, des journalistes marocains indépendants évoquent "plusieurs dizaines de milliers" de manifestants.

"C’est la première fois qu’un rassemblement d’envergure se tient dans la capitale marocaine, mais ce n’est pas la première fois que des rassemblements de solidarité ont lieu", précise Sara Doublier, la correspondante de France 24 au Maroc. De précédentes manifestations avaient en effet déjà été organisées à Rabat, Casablanca ou encore Fès, mais de moindre importance.

Plusieurs organisations avaient appelé à ce rassemblement : Justice et bienfaisance, mais également des partis de gauche et d'extrême gauche, des militants de la cause amazigh et activistes du "20 février", fer de lance de la version marocaine des Printemps arabes en 2011. Les islamistes étaient largement majoritaires dans le cortège, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Les forces de l'ordre étaient très peu visibles, et la manifestation, débutée vers midi, s'est achevée plus de deux heures plus tard sans le moindre incident.

"Vive le peuple", "Liberté, dignité, justice sociale", "Libérez les prisonniers", ont scandé les manifestants, qui pour la plupart marchaient en rang, disciplinés et reprenant les slogans crachés dans les micros des sonos.

La contestation se poursuit à Hoceïma

Après sept mois de contestation dans la province de Hoceïma, dans le nord du pays, les autorités ont mené localement une vague d'arrestations depuis quinze jours visant le noyau dur du mouvement, justifiée selon elles par la nécessité de "faire respecter la loi".

Selon les derniers chiffres officiels, 86 personnes ont à ce jour été présentées à la justice, dont une trentaine ont été placées en détention préventive, accusées de lourdes charges, et notamment "d'atteinte à la sécurité intérieure".

Dans la rue, les manifestations se poursuivent depuis quinze jours à un rythme quotidien à Hoceïma, ainsi que dans la localité voisine d'Imzouren, autre haut-lieu de la contestation.

Avec AFP