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Depardon toujours détenu en Turquie malgré les pressions de Paris

Malgré la multiplication des interventions diplomatiques et la mobilisation d'un comité de soutien, le journaliste Mathias Depardon est toujours détenu en Turquie, où il a été arrêté le 8 mai lors d'un reportage.

Les proches de Mathias Depardon attendaient beaucoup de cet entretien organisé jeudi 25 mai en marge du sommet de l’Otan, à Bruxelles. Mais une semaine après la rencontre entre le président truc Recep Tayyip Erdogan et son homologue français Emmanuel Macron pour évoquer le cas du photojournaliste français détenu en Turquie, l’espoir d’un déblocage rapide de la situation a cédé la place à l’incompréhension et l’inquiétude.

Malgré la promesse de Recep Tayyip Erdogan d'examiner "rapidement la situation" du photojournaliste , "sur le fond, rien n’a changé", constate Johann Bihr, responsable de la section Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans Frontières (RSF), joint par France 24. "Si une telle rencontre, entre les deux plus hautes autorités des deux pays, ne parvient pas à porter ses fruits, qu’est-ce qui le pourra ?", s’interroge-t-il.

Mathias Depardon a été arrêté le 8 mai à Hasankeyf, dans la province de Batman, où il effectuait un reportage sur le Tigre et l’Euphrate pour le magazine National Geographic. Il est depuis incarcéré dans le centre de rétention géré par la Direction des affaires migratoires à Gaziantep, dans le sud-est du pays, et ce malgré une décision d'expulsion du territoire émise le 11 mai qui, légalement, aurait dû être exécutée dans les 48 heures.

Le comité de soutien mobilisé

Depuis, les interventions diplomatiques se multiplient pour obtenir sa libération. La dernière en date a eu lieu jeudi entre les autorités consulaires françaises en Turquie et des représentants du ministère turc des Affaires étrangères. Rien n’a filtré de leurs échanges.

Vendredi, le consul de France Bertrand Buchwalter ira à Gaziantep rendre visite à Mathias Depardon. Le consul-adjoint d'Ankara, Christophe Hemmings, avait également pu rencontrer le photojournaliste samedi 27 mai. Mathias Depardon avait alors interrompu sa grève de la faim entamée quelques jours plus tôt.

RSF, deux autres organisations de défense de la liberté de la presse et 19 rédactions ont envoyé une lettre ouverte au ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, appelant à sa libération immédiate. RSF a aussi fait passer à l’ambassadeur de Turquie en France une lettre demandant la libération du reporter.

Un comité de soutien s’est constitué le 29 mai pour réclamer la libération immédiate du journaliste. Il se mobilise sur les réseaux sociaux sous le hashtag # FreeMathias (libérez Mathias) et a déjà manifesté devant l’ambassade de Turquie en France. Dans les jours qui viennent, si la situation n’évolue pas, il compte multiplier les actions. Une pétition devrait être lancée et des banderoles déployées sur les frontons de certaines mairies parisiennes. "Si rien ne bouge, nous envisageons également de nous rendre en Turquie pour obtenir des réponses, tenter de comprendre ce qu’il se passe", indique Johann Bihr.

Le photographe Mathias Depardon est toujours retenu en #Turquie. Arrêté le 8 mai, il attend son expulsion depuis le 11 mai. #FreeMathias pic.twitter.com/AdAAZPAA59

— Guillaume Perrier (@Aufildubosphore) 31 mai 2017

La Turquie est 155e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF pour 2017.