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Manchester : la police britannique ne partagera plus d'informations pour éviter les fuites

La police britannique va arrêter de communiquer des informations concernant l'enquête sur l'attentat de Manchester à certains de ses alliés. Londres reproche notamment à Washington la "divulgation non autorisée" d'informations confidentielles.

La police antiterroriste britannique a regretté jeudi 25 mai la "divulgation non autorisée" d'informations concernant l'enquête sur l'attentat de Manchester, notamment aux États-Unis. En réaction, elle va arrêter de partager ses informations sur l'attaque qui a fait 22 morts lundi soir, a révélé la BBC.

"Nous apprécions grandement les relations étroites que nous avons avec nos partenaires des services de renseignements et des forces de sécurité à travers le monde" avec qui nous "partageons des informations sensibles" mais "quand cette confiance est rompue, cela compromet ces relations et nuit à nos enquêtes", a affirmé un porte-parole de la police britannique chargée du contre-terrorisme. "Les dégâts sont encore plus grands quand cela implique la divulgation non autorisée de preuves potentielles au beau milieu d'une importante enquête du contre-terrorisme."

Le gouvernement britannique en colère

Des images de la police britannique avaient été publiées mercredi par le New York Times et montraient un détonateur que le kamikaze aurait tenu dans sa main gauche, des morceaux de métal et des vis jonchant le sol, ainsi que des fragments d'un sac à dos bleu déchiqueté. Ces éléments, analysés par des artificiers interrogés par le quotidien, permettent de déduire que la bombe était "puissante, dotée d'une charge ultra-rapide, mais aussi que les morceaux de métal ont été disposés avec soin et méthodiquement" pour faire le maximum de dégâts.

Les enquêteurs britanniques redoutent que la diffusion de ces informations ne compromette leurs opérations alors qu'ils tentent notamment de déterminer si la bombe utilisée lundi soir à la Manchester Arena a été assemblée par un artificier qui serait toujours en liberté.

Les médias américains ont également été les premiers à révéler l'identité du kamikaze présumé, ainsi que des éléments biographiques. Le nom de Salman Abedi y circulait avant même la confirmation par la police de Manchester.

Ces fuites sur un dossier aussi sensible que l'attentat de Manchester ont fait réagir jusqu'au plus haut niveau de l'État. La Première ministre britannique Theresa May, qui devait rencontrer le président américain Donald Trump jeudi au sommet de l'Otan à Bruxelles, a déclaré avant leur rencontre : "Je vais clairement dire au président Trump que les renseignements qui sont partagés entre nos services respectifs doivent rester confidentiels."

Trump promet de poursuivre les auteurs des fuites

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les autorités britanniques s'étaient déjà dites "furieuses" après ces fuites dans les médias américains ou par d'autres canaux.

Le ministre de l'Intérieur français Gérard Collomb a également commis une bourde du même ordre en révélant mercredi matin que le terroriste, était "sans doute" passé par la Syrie et qu'il avait des liens "avérés" avec le groupe État islamique.

Côté américain, le président Donald Trump, actuellement en déplacement en Europe, a déclaré dans un communiqué vouloir poursuivre en justice les auteurs de ces fuites. "Si c'est approprié, les coupables devront être poursuivis avec toute la rigueur de la loi", a écrit le dirigeant américain, qui a souligné les bonnes relations qu'entretiennent Washington et Londres. "Il n'y a pas de relation que nous chérissons le plus que la 'relation spéciale' entre les États-Unis et le Royaume-Uni."

Avec AFP et Reuters