logo

Le soldat transgenre américain Chelsea Manning, condamnée à 35 ans de réclusion pour avoir fait fuiter par Wikileaks des documents confidentiels de l'armée américaine, est sortie de prison mercredi à la faveur d'une grâce de Barack Obama.

Chelsea Manning, entrée en prison en tant qu'homme, alors prénommée Bradley, a été liberée mercredi 17 mai en tant que femme, sept ans après avoir révélé les bavures militaires américaines.

L'ancienne taupe de WikiLeaks, qui avait fait fuiter plus de 700 000 documents confidentiels ayant trait aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, dont plus de 250 000 câbles diplomatiques qui avaient plongé les États-Unis dans l'embarras, a quitté le pénitencier militaire de Fort Leavenworth, aux confins du Kansas et du Missouri.

Graciée par Obama

La détenue transsexuelle, condamnée en cour martiale à 35 ans de réclusion, est libérée à la faveur d'une peine commuée par l'ancien président Barack Obama, juste avant qu'il ne quitte la Maison Blanche. Mais la remise de peine n'efface pas la condamnation elle-même. Son appel en justice pourrait s'éterniser et, en attendant, l'ancienne analyste du renseignement aujourd'hui âgée de 29 ans restera légalement un soldat de l'US Army une fois sortie de prison.

Un de ses avocats assure que cette situation la maintient sous le joug de l'armée et l'expose à d'éventuelles sanctions au moindre faux pas, comme la révélation de nouveaux documents ou d'écrits qui dérangeraient le Pentagone.

Reste que la libération de celle considérée par ses soutiens comme une lanceuse d'alerte, souvent comparée à l'ex-contractuel de la NSA Edward Snowden, est vécue comme un soulagement pour ses proches, après ses deux tentatives de suicide l'an dernier.

"Se battre pour les nombreux détenus transgenres"

Signe de l'attente autour de sa libération, un groupe de musiciens dont Michael Stipe,  chanteur de REM, Tom Morello, guitariste de Rage against the Machine, et Graham Nash, a mis en ligne un album peu avant la sortie de prison, "Hugs for Chelsea", dont les recettes reviendront à Chelsea Manning pour qu'elle puisse démarrer sa nouvelle vie.

"Elle veut se battre pour les nombreux détenus transgenres, en particulier les femmes noires, communiquer avec les jeunes transgenres, partager les victoires de nos combats", confie Chase Strangio, un avocat lui-même transgenre devenu son ami intime. "Elle a hâte de manger de la pizza, de nager, de jouer à la PlayStation et de rencontrer les nombreux amis qui l'ont soutenue au fil des années mais qui n'ont jamais été autorisés à lui rendre visite en prison". Au gré d'un long combat légal, Chelsea Manning a récemment obtenu le droit de commencer en prison un traitement hormonal pour permettre sa transition vers le sexe auquel elle s'identifie.

La libération, toutefois, est fraîchement accueillie par une partie des Américains, à commencer par le président Donald Trump, qui l'a qualifiée de "traîtresse qui n'aurait jamais dû être libérée de prison".

Avec AFP