
Le mouvement d'Emmanuel Macron a présenté, jeudi, une liste des 428 premières investitures pour les législatives, qui a déplu à son allié François Bayrou. Quant à Manuel Valls, il n'est pas investi, mais LREM ne présentera pas de candidat face à lui.
Le suspense devait prendre fin, jeudi 11 mai, avec la publication des noms des 577 candidats choisis par le mouvement d’Emmanuel Macron pour les élections législatives. On allait enfin savoir quelles figures du Parti socialiste ou du parti Les Républicains avaient fait le choix de rallier En Marche !, devenu La République en marche (LREM), en vue du scrutin législatif. Mais patatras ! Il va encore falloir attendre puisque la liste publiée, jeudi 11 mai, ne comporte "que" 428 noms.
Les CV ont afflué depuis trois jours, dans la foulée de l'élection d’Emmanuel Macron, avance son entourage, parmi lesquels celui de l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls. C'est au président de la République élu qu'est revenue la décision sur ce dossier délicat : accepter le ralliement d’une personnalité symbolisant le quinquennat de François Hollande ou lui fermer la porte en risquant d’être accusé de faire du rassemblement de façade.
Face à une situation sans bonne solution, c'est un choix intermédiaire qui a été fait : ne respectant pas les critères de sélection des candidats car n'ayant pas adhéré à En Marche ! et ayant déjà à son actif trois mandats de député, Manuel Valls n'est pas investi par LREM, mais le mouvement d'Emmanuel Macron ne lui opposera aucun candidat dans sa circonscription de l'Essonne. Une façon de repousser l'ancien Premier ministre, tout en le ménageant. Une décision "saluée" par l'interessé via un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, alors que la liste des candidats comprend plusieurs dizaines de noms proposés par le MoDem de François Bayrou (une quarantaine, selon un membre de la commission d'investiture, plus, selon le sénateur socialiste François Patriat), ce dernier a fait part de son mécontentement.
Le maire de Pau a indiqué qu'elle n'avait pas "l'assentiment" de son parti, qui avait conclu un accord avec le mouvement d'Emmanuel Macron, dont les termes n'ont pas été rendus publics.
"Je convoque le bureau politique du MoDem demain (vendredi) soir en souhaitant que dans les heures qui viennent, un mouvement de raison permette des investitures communes dans toutes les circonscriptions, comme Emmanuel Macron et moi en sommes convenus depuis le premier jour de notre entente", a-t-il déclaré à l'AFP.
"C'est une mise au point sèche, Bayrou tend la main de la dernière chance", commente une source MoDem, citée par l'AFP.
Aucun rallié LR parmi les 428 candidats dévoilés
L'autre dossier épineux pour En Marche ! concerne les ralliements en provenance de l'UDI ou du parti Les Républicains. Or, pour l'heure, il n'y en a aucun, d'où les près de 150 circonscriptions restant à pourvoir.
Même s'il fallait lire entre les lignes, le secrétaire général d'En Marche !, Richard Ferrand, a ainsi expliqué que la décision avait été prise de laisser encore quelques jours, d'ici mercredi prochain, aux élus de la droite modérée pour prendre leur décision. En clair : l'annonce du futur Premier ministre pourrait finir de les convaincre.
On notera ainsi que, parmi les circonscriptions pour le moment non pourvues, on retrouve celles de Bruno Le Maire (Eure), de Nathalie Kosciusko-Morizet (Paris), de Thierry Solère (Hauts-de-Seine), d'Édouard Philippe (Seine-Maritime), dont le nom circule pour Matignon, de Franck Riester (Seine-et-Marne) ou encore de Gilles Boyer (Hauts-de-Seine).
Pour l'heure, l'équilibre voulu entre ralliés venant de la gauche, du centre et de la droite n'est pas au rendez-vous. Le signe que le système En Marche !, une machine qui a paru jusqu’à présent plutôt bien huilée, peut aussi connaître quelques couacs. Emmanuel Macron a-t-il surestimé sa capacité à faire exploser Les Républicains dans la foulée de son élection ? Il lui reste encore quelques jours pour convaincre et mettre définitivement sa République en ordre de marche.