
Les Républicains ont présenté mercredi un programme remanié pour leurs candidats aux législatives. Ils espèrent que ce projet permettra à la droite de gouverner malgré la défaite de François Fillon à la présidentielle.
Comment remporter les élections législatives (11 et 18 juin) pour faire oublier la défaite de François Fillon à l’élection présidentielle et gouverner malgré tout ? Après plus de deux semaines de réflexion, le parti Les Républicains pense avoir trouvé la bonne stratégie pour leur "remontada" : rendre le programme de François Fillon moins brutal, attaquer Emmanuel Macron sur la question fiscale et installer l’idée que l’élection de ce dernier est un hold-up démocratique.
Sur le premier point, le chef de file de LR pour cette campagne des législatives, François Baroin, l’a reconnu, mercredi 10 mai : la "synthèse" des projets portés par les différents candidats de droite à l’automne 2016 "n’avait pas été faite au lendemain de la primaire". Le programme proposé par la droite en vue des élections législatives porte donc "plus d’ambition et plus d’équité" que celui que portait François Fillon, selon le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde.
Désormais, il ne s’agit plus de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires, mais "seulement" 300 000. Exit, aussi, la hausse de deux points de la TVA. LR promet même de baisser de 10 % l’impôt sur le revenu de tous les ménages. Pour Éric Woerth, en charge de la réécriture du programme, il s’agit d’un "projet clairement tourné vers l’entreprise" avec "un effort important pour le pouvoir d’achat des Français". Il a toutefois eu toute les peines du monde à expliquer comment ce nouveau programme pouvait bien être financièrement équilibré.
L'argument fiscal sera d’ailleurs répété en boucle dans les prochaines semaines avec un but assez clair : faire comprendre aux électeurs de droite qu’Emmanuel Macron compte augmenter "massivement" les prélèvements obligatoires avec une hausse de la CSG "pour 20 milliards d’euros", a insisté Éric Woerth.
"Les Français ont été privés d’un débat démocratique essentiel"
Enfin, Les Républicains estiment que l’affaire Fillon a perturbé le bon déroulement de l’élection présidentielle. Les législatives seront "un temps de respiration démocratique indispensable" pour décider de l’avenir de la France, a affirmé mercredi matin Bernard Accoyer, secrétaire général de LR. "La présidentielle s’est déroulée dans des conditions extravagantes. Les Français ont été privés d’un débat démocratique essentiel", a-t-il ajouté, sous-entendant qu’Emmanuel Macron aurait été élu sur un malentendu.
Cette stratégie de campagne prendra-t-elle auprès des Français ? Après avoir répété durant des mois que le projet de François Fillon était le meilleur pour la France et que c’est justement cela qui justifiait de conserver ce candidat malgré tout, comment expliquer aujourd’hui que certaines de ses mesures phares aient disparu ?
L’autre défi sera d’éviter les divisions. Alors que Bruno Le Maire a déjà fait acte de candidature pour un poste gouvernemental et que Christian Estrosi a plaidé pour "une majorité de coalition" avec Emmanuel Macron, il faudra serrer les rangs.
François Baroin a tenu à minimiser ces velléités de rapprochement qui, selon lui, ne concernent qu’une petite proportion des membres de LR, tandis que Bernard Accoyer a assuré que l’union entre LR et l’UDI était "l’un des derniers points constants de la vie politique française". Les prochaines semaines serviront sans doute de révélateur.