
En étudiant les relations entre les baleines à bosse femelles et leurs petits, des scientifiques ont découvert qu'au lieu du chant des baleines habituel, le duo mère-enfant murmure pour plus de discrétion au milieu d'un océan parfois hostile.
S'il y a bien une chose que "Le Monde de Némo" nous a appris, c'est que parler la langue des baleines, c'est assez difficile. Mais le chant des baleines est aussi un son unique et puissant, qui s'entend à des kilomètres à la ronde. Jusqu'à 32 kilomètres pour les baleines à bosse. Mais ces énormes mammifères des océans sont aussi capables de discrétion. La BBC rapporte que des scientifiques ont découvert, en suivant des baleines à bosse, que les mères et leurs petits communiquent en "murmurant" des sons beaucoup plus discrets.
Une équipe de scientifiques a en effet suivi 8 baleineaux et deux mères pendant plusieurs mois, dans le golfe d'Exmouth à l'ouest de l'Australie. Ils ont attaché sur leur dos des capteurs spéciaux de sons et de mouvements pour enregistrer, observer et analyser la manière dont mères et enfants communiquent et vivent pendant les premiers mois de vie du nouveau né.
Une prudente discrétion
Les résultats de ce travail, publiés dans la revue Functional Ecology, montrent que le duo mère-enfant fait preuve d'une discrétion encore jamais observée : les sons émis pour communiquer ne peuvent s'entendre au-delà d'une centaine de mètres à peine. Les cris sont inférieurs de 40 décibels au chant émis par les baleines adultes pour attirer des partenaires.
"Nous avons été très surpris, car les baleines à bosse sont habituellement très bruyantes", raconte Simone Videsen, de l'université Aarhus au Danemark et auteure principale de l'étude. "Mais en voyant le schéma de communication entre la mère et son petit, on voit bien qu'ils sont souvent silencieux, et produisent des signaux très faibles."
Par ailleurs, plutôt que d'émettre un son, les baleineaux "se frottent contre leur mère" pour signaler leur faim. Les scientifiques pensent qu'il s'agit d'éviter d'attirer les prédateurs : les orques, qui évoluent dans les mêmes eaux, n'hésitent pas à croquer dans le premier bébé baleine venu, si sa mère n'est pas dans les parages.
Le développement du bébé baleine, un processus lent et primordial
Mais l'orque n'est pas le animal seul à menacer la survie des bébés baleines. La baleine à bosse mâle aussi est malvenu, car ses tentatives de séduction et de reproduction interrompent et perturbent le développement des petits.
Le processus est en effet très lent chez ces mammifères : après une gestation de 11 mois, le bébé baleine reste encore une année entière auprès de sa mère. Ils évoluent dans des eaux chaudes et tropicales, où le baleineau grandit et prend des forces avant une grande migration vers l'Antarctique, un voyage de plus de 8 000 kilomètres.
Néanmoins, ces chants si discrets entre mères et enfants sont fragilisés par les autres bruits de l'océan. L'univers marin est plutôt calme, sauf quand un paquebot de croisière passe à proximité. "Parce que mère et petit communiquent en chuchotant, ces bruits pourraient aisément masquer ces appels", prévient Simone Videsen. Ce qu'elle appelle ce "brouillard accoustique" viendrait s'ajouter aux facteurs de perturbation du développement du baleineau, mettant en danger la fécondité des baleines à bosse et la survie de l'espèce.
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