Alors que les journaux titraient en 2002 sur le "chaos", le "séisme", le "choc" ou en appelaient à la République, les unes d'aujourd'hui présentent un duel presque banal, en s'intéressant d'avantage à Emmanuel Macron qu'à Marine Le Pen.
La victoire du Front national, qui se qualifie pour le second tour de cette présidentielle 2017, n’est pas une surprise. Depuis plusieurs mois, le parti est régulièrement en tête des intentions de vote des électeurs par les sondeurs, et à chaque élection, il engrange des scores faramineux.
Dimanche 23 avril, le pays n’a pas connu les nombreuses manifestations qui avaient spontanément envahi les rues de Paris et de plusieurs villes de France, au soir du 21 avril 2002. Comme s’il avait désormais acté cette nouvelle donne.
Pour ceux qui ne veulent pas croire à la banalisation du Front national, il existe un moyen de s’en convaincre : regarder les unes de la presse de l’époque, et les comparer avec celles d’aujourd’hui. Le contraste est frappant entre ces cinq premières pages par exemple :
Il n’y a guère que L’Humanité qui aujourd’hui affiche un visage tout aussi sombre :
“En 2002, on était choqué que Le Pen soit au 2ème tour. En 2017, on est soulagé que Le Pen ne soit pas arrivée première. Dramatique”, écrit François Gemenne, chercheur et soutien de Benoît Hamon.
Un peu comme avec le terrorisme, notre capacité à nous émouvoir s’est progressivement émoussée. Avec le risque que demain, il nous apparaisse tout à fait normal de voir le Front national accéder au pouvoir.
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