logo

Le candidat Les Républicains à la présidentielle aborde la dernière semaine de campagne avec un discours marqué à droite sur les sujets de société, de sécurité et d’immigration. Une stratégie misant sur l’élimination de Marine Le Pen au premier tour.

Coup de barre à droite pour François Fillon. En quelques jours, et alors que les derniers sondages le donnent tout proche du deuxième tour, le candidat à l’élection présidentielle a donné des gages aux électeurs catholiques traditionnalistes et aux adeptes d’un discours sécuritaire et identitaire musclé – deux thèmes qu’il ne souhaite visiblement pas laisser au Front national.

Interrogé dimanche matin sur Radio J, au lendemain d’un discours sur l’identité nationale au Puy-en-Velay, à propos de l’éventuelle présence de membres de Sens commun au sein de son gouvernement, François Fillon a répondu "pourquoi pas". "Sens commun fait partie des hommes et des femmes qui sont fiers de leur pays, attachés à leurs traditions, pour lesquels j’ai beaucoup de respect, c’est des composantes", a-t-il ajouté au sujet de ce mouvement issu de La Manif pour tous qui s’était opposée au mariage homosexuel.

On savait déjà que Sens commun avait joué un rôle majeur dans l’organisation et le succès, début mars, de la manifestation du Trocadéro. On savait aussi que ses membres avaient pris de l’importance au sein de l’équipe de campagne, depuis le départ de nombreux parlementaires et de nombreuses petites mains ayant quitté le navire, après le maintien de la candidature de François Fillon malgré sa mise en examen. Mais avec cette déclaration, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy fait un pas de plus vers l’électorat catholique traditionnaliste, quitte à se mettre à dos la droite modérée.

Les réactions ont en effet été assez vives. Le député-maire LR de Reims Arnaud Robinet a ainsi réagi sur Twitter, déclarant préférer "le sens de l’intérêt général que le sens commun". Le député de Charente-Maritime Dominique Bussereau, ancien ministre de Jacques Chirac, a eu sur le même réseau social ce commentaire cinglant : "L’arrivée de Sens commun au sein du parti Les Républicains a été une erreur, sa présence dans un gouvernement serait une faute."

La prison, "l’université du fanatisme islamique"

Malgré la polémique, François Fillon n’est pas revenu sur ses propos. Bien au contraire, le candidat a persisté dans son virage droitier avec un discours ultra-sécuritaire et identitaire lors de son meeting, lundi 17 avril, à Nice. "Disons-le franchement : la prison aujourd’hui, c’est devenu l’université de la délinquance et, dans certains quartiers pénitenciaires, l’université du fanatisme islamique !", a-t-il lancé, osant reprendre presque mot pour mot une formule utilisée par Marine Le Pen, lors du premier débat télévisé de la campagne. "Pendant trente ans, la gauche française a culpabilisé ceux qui se sentaient patriotes, elle a prôné le rejet de la nation, a-t-il ajouté un peu plus tard. Ce discours pénitentiel, je n’en veux plus."

Dans cette région Provence-Alpes-Côte d’Azur où le FN est particulièrement bien implanté, François Fillon espère faire le plein chez les électeurs hésitant entre sa candidature et celles de Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan.

La même stratégie a été appliquée pour son déplacement à Calais, mardi après-midi, dans une région Hauts-de-France qui fait elle aussi figure de terre frontiste. "Je mènerai une lutte implacable contre l'immigration clandestine. Il y a des lois, elles doivent être respectées", a-t-il notamment déclaré.

Le ton général de la fin de campagne du candidat de la droite est donné. En durcissant son discours, François Fillon fait donc un double pari : celui que les électeurs les plus radicalisés de sa famille politique le porteront jusqu’au second tour de l’élection présidentielle, et aussi que ce second tour se jouera non pas face à Marine Le Pen, mais face à Emmanuel Macron.