Engagée dans une vaste opération militaire en Afghanistan, l'armée britannique a perdu cinq soldats dans une double explosion dans le sud du pays. En dix jours, dix soldats britanniques sont morts.
Les forces britanniques engagées dans une vaste opération dans le sud de l'Afghanistan font face au plus fort de la résistance des taliban mais gardent bon espoir de mettre l'ennemi en déroute.
Cinq militaires britanniques ont été tués par une double explosion dans le sud de l'Afghanistan, annonce vendredi le ministère de la Défense à Londres.
Les cinq hommes patrouillaient à pied près de Sangin, dans la province d'Helmand. Il s'agit de l'incident le plus grave pour les forces britanniques depuis le début du conflit, en novembre 2001.
Ces décès portent à 184 le bilan des pertes britanniques en Afghanistan, soit cinq de plus qu'en Irak. Ces dix derniers jours ont été particulièrement meurtriers : dix soldats britanniques ont été tués depuis le 1er juillet alors que des milliers de militaires sont engagés dans l'opération "Griffe de panthère" visant à sécuriser le district de Babadji, qui fait partie de la province d'Helmand, dans le sud du pays.
Lancée le 23 juin, cette opération se déroule parallèlement à celle que mènent des milliers de "marines" américains plus au sud.
Le commandant Al Steele, qui a dirigé samedi une opération du troisième bataillon du régiment royal d'Ecosse, raconte que les soldats britanniques se sont heurtés à une résistance des activistes taliban plus forte que prévu.
Selon lui, la bataille pour le contrôle de la zone située au nord de la capitale provinciale, Lashkar Gah, risque d'être cruciale.
"Nous nous sommes engagés cet été avec un plan précis sur la manière dont nous allions conduire les opérations, et les taliban ont fait de même", dit-il.
"Ils veulent démontrer, non seulement aux Afghans mais aussi au monde entier, qu'ils contrôlent toujours la situation et Babadji est l'endroit qu'ils ont choisi" pour cette démonstration, poursuit-il.
Al Steele explique que les insurgés ont réussi à ralentir la progression des "Light Dragons", un régiment de cavalerie de l'armée britannique qui dirige l'opération, en déployant des snipers et en faisant usage de bombes sur le bord des routes qui ont causé la mort de la plupart des soldats britanniques.
Selon lui, les taliban espèrent grâce à cette résistance farouche retourner l'opinion britannique contre la guerre.
Vendredi, le Premier ministre Gordon Brown a d'ailleurs prévenu que les forces britanniques risquaient de subir d'autres pertes mais a assuré que la détermination du gouvernement restait intacte.
"C'est un été très dur, ce n'est pas fini", a-t-il dit en marge du sommet du G8 à L'Aquila, en Italie. "Mais il est essentiel que la communauté internationale mène à bien ses engagements."
"Notre détermination à achever le travail que nous avons entrepris en Afghanistan est intacte. Nous devons aider à la tenue d'une élection présidentielle libre et équitable", a-t-il ajouté en référence au scrutin du 20 août prochain.
Au total, 179 soldats britanniques ont perdu la vie en Afghanistan depuis 2001, soit un bilan identique à celui des cinq années d'engagement en Irak.
Mais, alors que les troupes britanniques progressent difficilement, le commandant Al Steele dit avoir bon espoir de mettre les taliban en déroute.
"Nous commençons à voir le début d'un renversement. Les insurgés constatent qu'ils ne vont pas tenir ce territoire, alors ils fuient."
La province d'Helmand est l'un des fiefs des taliban. On y produit la plus grande partie de l'opium du pays, qui fournit 90% du marché mondial de l'héroïne.
Les Américains y ont envoyé ces deux derniers mois 8.500 soldats supplémentaires. Il s'agit de la vague de renforts la plus importante depuis que l'admnistration de Barack Obama a décidé de plus que doubler le contingent américain en Afghanistan pour le faire passer en fin d'année à 68.000.