
Les virements et les revirements de la diplomatie turque, les imprécations douteuses comme les réconciliations soudaines de son président Recep Tayyip Erdoğan sont-ils la marque d'un régime navigant à vue, à la merci de son barreur, autocrate et fantasque ? Ou sont-ils les fruits déguisés d'une rationalité bien comprise et froidement calculée, qui sait mobiliser grâce à l'opium nationaliste en taisant son nom ?
Pour notre invitée Jana Jabbour, docteure en science politique et enseignante à Sciences-Po, auteure du livre "La Turquie, l'invention d'une diplomatie émergente" aux éditions du CNRS, le jeu d’Ankara est clair. Au-delà du virage "islamo-nationaliste" pris par le pays depuis les années 2000, Erdogan aspire avant tout à faire de la Turquie "un acteur incontournable sur la scène internationale".