Le collectif "Pou La Gwiyann dékolé", qui pilote le mouvement social agitant la Guyane depuis plus de deux semaines, a annoncé le blocage "total" du département à partir de lundi.
La crise qui agite la Guyane depuis plus de deux semaines ne s'essoufle pas. Le collectif "Pou La Gwiyann dékolé" (Pour que la Guyane décolle), pilote du mouvement social, a annoncé le blocage "total" du département à partir de lundi 10 avril.
Les barrages érigés dans les villes guyanaises seront ainsi ouverts dimanche de 7h (12h à Paris) à minuit (5h lundi matin), puis il y aura "fermeture totale jusqu'à nouvel ordre", avec "interdiction", même pour les personnes voulant passer "à pied", "à moto" ou "à vélo", de les franchir, a annoncé l'un de ses cadres sur la radio Péyi. Le collectif n'accepte pas l'aide d'urgence de plus d'un milliard d'euros à destination du territoire validée par le gouvernement mercredi. Il réclame 2,1 milliards supplémentaires.
Le durcissement annoncé des blocages a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. "Il n'est pas tolérable de se voir refuser le droit de circuler librement sur le territoire. (…) Une partie de la Guyane a peur de s'exprimer", affirment les signataires d'une pétition en ligne qui a recueilli un millier de paraphes. Environ 700 internautes font désormais partie d'un groupe Facebook intitulé "Stop aux barrages en Guyane".
Situation calme depuis samedi
Vendredi 7 avril dans l'après-midi, des heurts étaient survenus devant la préfecture de Guyane, où des centaines de personnes s'étaient rassemblées. L'administration, craignant une possible "invasion" du bâtiment, à l'image de l'occupation quelques jours plus tôt du centre spatial de Kourou, avait refusé de recevoir une délégation du collectif, qui avait pourtant rendez-vous avec le préfet, ce qui avait attisé les tensions. Plusieurs policiers avaient été frappés, dont le commissaire Joël Terry, "blessé lourdement à la clavicule".
La situation était plus calme samedi à Cayenne, après Joël Terry, numéro 2 de la police en Guyane, a reçu sur le seuil de sa chambre d'hôpital quelques dizaines de membres des "500 frères contre la délinquance", très actifs durant la manifestation.
"Les valeurs que nous partageons sont bien plus importantes que nos différences", a déclaré l'officier. Il a exprimé son "respect" des "500 frères", puis serré la main de ses nombreux membres présents. "Les forces de l'ordre ne sont pas nos ennemies. On se bat pour qu'elles travaillent dans de meilleures conditions", a dit leur porte-parole Mikaël Mancée, un policier en disponibilité, depuis l'hôpital.
Le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, a "condamné avec la plus grande fermeté les violences commises contre les forces de l'ordre". La préfecture a annoncé samedi avoir saisi le procureur de la République.
Avec AFP