Près de 400 entreprises auraient tenté de décrocher le juteux contrat de construction du mur prévu à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Elles avaient jusqu'au 4 avril pour déposer leur projet, dont 15 ont été rendus publics. Florilège.
Elles avaient jusqu'au mardi 4 avril pour soumettre leurs projets de construction du fameux mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, l'une des mesures phares défendues par Donald Trump lors de sa campagne. Au total, elles seraient près de 400 entreprises à avoir répondu aux deux appels d'offre passés par les services des douanes et la police des frontières américaines.
Ce mur, qui permettrait, selon l'administration, Trump de lutter contre l'immigration clandestine, se devra de respecter trois critères imposés par la Maison Blanche : au-delà de sa hauteur fixée à 9 mètres, le rempart devra être "physiquement imposant" et "esthétique". Des consignes plus ou moins suivies par les firmes candidates, comme en témoignent certains des plans dévoilés par la quinzaine d'entreprises qui a accepté de dévoiler ses projets aux médias américains. En attendant l'annonce, le 1er juin prochain, du grand gagnant – dont la future rémunération reste inconnue à ce jour –, on vous fait découvrir les propositions qui ont le plus retenu notre attention, pour les bonnes comme pour les mauvaises raisons.
Le DESTRUCTOR
"Vous pouvez foncer dessus avec un tank, et il supportera le choc", explique à l'agence AP Dennis O'Leary, fondateur de l'entreprise DarkPulse Technologies qui semble donc avoir tout misé sur le critère '"physiquement imposant". Fabriqué à base de béton spécialement conçu pour résister aux projectiles de petits et gros calibres, cette forteresse devrait être indestructible, mais aussi infranchissable. Des capteurs à fibre optique intégrés au béton permettraient d'alerter les autorités dès lors qu'une présence suspecte est détectée trop près de la frontière. Impossible par ailleurs de le gravir : le mur disposerait d'un revêtement glissant. Grosse ambiance.
Le couteau-suisse
Quitte à mettre beaucoup, beaucoup d'argent dans un mur, autant en faire un rempart multitâches. Les constructeurs de Clayton Industries, firme basée à Pittsburgh, proposent un mur qui intègre une zone tampon, une voie ferrée installée en haut du mur, et tout en bas, enfouies à 30 mètres de profondeur, des installations de stockage pour déchets nucléaires. Vu d'ici, on ne peut s'empêcher de penser à un restaurant asiatique qui propose à la fois des plats chinois, thaï, vietnamiens et japonais. Mais Clayton Industries croit vraiment en son projet et propose même que le ministère américain de l'Énérgie finance sa construction en faisant payer les entreprises qui bénéficient de l'énergie nucléaire.
L'animal-friendly
À défaut de permettre la libre circulation des hommes, l'entreprise Black Security Products entend au moins laisser la voie libre aux animaux. L'entreprise a présenté un plan de mur très classique, incluant une fente d'une dizaine de centimètres destinée à ne pas bloquer le passage des espèces locales. Car le projet de Donald Trump, très controversé pour son populisme, avait aussi mis en grogne les défenseurs de l'environnement. 111 espèces sont potentiellement menacées par une telle construction, qui pourrait qui plus est menacer leur habitat, selon les scientifiques. C'est pourquoi ce mur serait également fait à partir de roches, afin de permettre à certaines espèces de s'y nicher.
L'"œuvre"
Chez Concrete Contractors Interstate, entreprise californienne, il s'agit avant tout de ne pas gâcher le paysage. Au point que ses créatifs ont proposé d'inscruster dans ledit mur des pierres et des petits objets. Pour le président de l'entreprise, Russ Baumgartner, l'idée est de faire de cette frontière matérielle une "oeuvre d'art". Encore faut-il qu'elle remplisse sa fonction première, celle qui tient tant à cœur à M. Trump.
L'utopiste
Évidemment, l'appel d'offres a aussi attiré tout un tas de candidats moins crédibles, qu'il s'agisse de blagueurs ou de militants déterminés à clamer, tantôt avec humour, tantôt avec idéalisme, leur désaccord avec l'essence même du projet. Un collectif d'architectes, d'ingénieurs et de constructeurs réunis sous le nom de Made Collective a ainsi proposé de créer à l'emplacement de la frontière la première "écotopie", un territoire partagé et ouvert aux citoyens américains comme mexicains. Cette "frontière ultime", où passerait un Hyperloop, serait régie par les autorités des deux pays. Leur projet, baptisé "Otra Nation", est plus longuement développé sur son site Internet consacré.
Beaucoup plus ironique, l'artiste américaine Jennifer Meridian propose de son côté d'installer un "mur de trois millions de hamacs reliés par des pins blancs". "Ce serait un endroit pour se reposer, se relaxer, récupérer et se déplacer entre les deux pays (...) Un arbre de la paix", explique l'artiste sur son compte Instagram.
Une publication partagée par JENNifer meriDIAN (@jmeridian.studio) le 28 Mars 2017 à 16h54 PDT
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