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RD Congo : journée "ville morte" à Kinshasa et Lubumbashi

L'opposition congolaise a appelé lundi à la grève générale afin d'exiger du président Joseph Kabila l'application de l'accord de cogestion du pays jusqu'à la tenue des élections.

Commerces et stations-service sont restés fermés toute la journée et les moyens de transports en commun se sont fait rares, lundi 3 avril, à Kinshasa, la capitale de la RD Congo. Même la place Victoire, au cœur de la capitale de plus de 10 millions d'habitants, était quasiment vide. La population a répondu à l'appel de la journée "ville morte" lancée par l'opposition, réunie dans le mouvement Le Rassemblement, qui exige du président Joseph Kabila l'application de l'accord de cogestion du pays.

"Que le président Kabila quitte le pouvoir, il a fini son mandat, nous ne voulons plus de lui", a assuré à l'AFP Mamie Biamba, une habitante de Kingasani, bouillant quartier populaire de l'est de Kinshasa.

À Lubumbashi, dans le sud-est du pays, les activités étaient quasiment à l'arrêt, selon des témoignages recueillis par l'AFP. "La banque tourne au ralenti", a déclaré un directeur d'établissement, qui a ajouté avoir enregistré quelques absents parmi ses agents. "Un magasin sur cinq a ouvert", a constaté un habitant.

"J'ai réalisé une très bonne affaire en ayant la géniale idée de travailler tôt le matin contrairement à l'immense majorité de mes collègues. J'étais quasiment seul sur la route et j'ai fait payer au prix fort mes courses", a fait savoir un chauffeur de taxi à Lubumbashi.

"Notre problème, trouver à manger pour nos enfants"

Malgré cet appel à la grève, des commerçants tentent coûte que coûte de gagner de l'argent. Au marché Gambela, dans le centre de Kinshasa, des "chailleurs" (vendeurs à la criée) se déployaient à la recherche des rares clients."Nous n'avons rien à faire avec des mots d'ordre des politiciens de tous les bords. Notre problème, c'est de trouver quoi nourrir nos enfants, les envoyer à l'école. La vie est devenue intenable pour nous le petit peuple, tandis que eux (politiciens) vivent aisément", s'enflammait Albertine Bulanga, vendeuse de maïs dans un marché de Kingasani.

Le Rassemblement avait appelé les Congolais à cette journée ville morte pour dénoncer le "chaos" né de l'échec des tractations sur l'application de l'accord de cogestion de la transition signé le 31 décembre entre le pouvoir et l'opposition sous l'égide de l'épiscopat congolais.

L'accord de la Saint-Sylvestre prévoit le maintien au pouvoir de Joseph Kabila - dont le mandat a échu le 20 décembre 2016 - jusqu'à l'entrée en fonction d'un successeur devant être élu lors d'une présidentielle censée avoir lieu avant fin 2017, et la formation d'un gouvernement élargi dirigé par un membre du Rassemblement. Trois mois après sa signature, le nouveau gouvernement n'a toujours pas été formé.

Avec AFP