
De l'Europe à l'OEA, en passant par les États-Unis, le Brésil, le Chili ou encore l’Espagne, la communauté internationale s’alarme de la situation démocratique au Venezuela, où la Cour suprême s'est octroyée les pouvoirs du Parlement.
La communauté internationale s'est alarmée vendredi 31 mars de la crise politique qui secoue le Venezuela, où le président Nicolas Maduro est accusé de "coup d'État" après la décision de la Cour suprême de s'octroyer les pouvoirs du Parlement, contrôlé par l'opposition.
Exécutif, armée, justice et législatif : le régime présidentiel vénézuélien concentre en effet désormais tous les pouvoirs. Vendredi, un haut responsable du pouvoir chaviste au Venezuela a dénoncé une "rupture de l'ordre constitutionnel" dans le pays. "Dans ces décisions de la Cour suprême, on peut constater des violations de l'ordre constitutionnel et une méconnaissance du modèle d'État consacré par notre Constitution (...) ce qui constitue une rupture de l'ordre constitutionnel", a déclaré publiquement Luisa Ortega, chef du parquet au niveau national et réputée proche du gouvernement. Cette prise de position, la première d'un haut-fonctionnaire, marque une brèche dans l'unité affichée jusqu'à présent par le camp du président socialiste.
Par ailleurs, des échauffourées ont opposé jeudi des députés à la police antiémeutes devant le tribunal. L'opposition a appelé à des manifestations à partir de samedi dans le pays mais dès vendredi des opposants vénézuéliens ont bloqué vendredi une grande artère de Caracas.
"La démocratie est brisée"
Au niveau international, de l'Union européenne au secrétaire général de l'Organisation des États américains (OEA), Luis Almagro, en passant par le Canada, le Brésil, l'Argentine, la Colombie, le Guatemala, Panama, le Pérou ou le Mexique, tous ont condamné la "rupture de l'ordre constitutionnel" au Venezuela. Le Pérou a même rappelé son ambassadeur à Caracas.
Si se rompe la división de poderes se rompe la democracia. Por la libertad, la Democracia y el Estado de derecho en Venezuela. MR
— Mariano Rajoy Brey (@marianorajoy) 31 mars 2017"Sans séparation des pouvoirs, la démocratie est brisée. Pour la liberté, la démocratie et l'État de droit au Venezuela", a réagi sur Twitter vendredi le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. La présidente du Chili Michelle Bachelet n’a pas non plus caché son inquiétude : "Je voudrais condamner, au nom du gouvernement et du peuple chilien, toute situation qui altère l'ordre démocratique au Venezuela", a-t-elle déclaré depuis le Portugal, où elle effectue une visite de deux jours. Un porte-parole du département d'État américain a dénoncé un "grave recul" pour la démocratie.
L’opposition vénézuélienne a fait entendre sa voix depuis l’étranger. "Une dictature règne" au Venezuela. "Le moment est venu de crier à l'aide de la communauté internationale", a lancé depuis la Colombie Henrique Capriles, l'un des principaux opposants vénézuéliens. "Au Venezuela, il y a une dictature avec tous les symptômes de crise humanitaire, de violation systématique des droits de l'Homme", a lancé Lilian Tintori, épouse de l'opposant Leopoldo López, condamné à 14 années de prison.
Les explique la importancia de aplicar la Carta Democrática Interamericana en Venezuela para rescatar la libertad. pic.twitter.com/NLBZZ2a9aL
— Lilian Tintori (@liliantintori) 31 mars 2017Seule la Bolivie du président de gauche Evo Morales a défendu le chef de l'État vénézuélien.Nicolas Maduro, lui, s'est brièvement exprimé à la télévision d'État, sans toutefois faire de commentaire sur la situation.
Avec AFP