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Pays-Bas : malgré la victoire du parti conservateur du Premier ministre, la coalition sera complexe

La droite libérale, emmenée par le Premier ministre Mark Rutte, arrive en tête des législatives néerlandaises. Le député anti-islam Geert Wilders s'est dit prêt à participer à une coalition gouvernementale. Coalition qui sera complexe à monter.

Le Parti populaire libéral et démocrate (VVD, droite) du Premier ministre Mark Rutte a remporté le plus grand nombre de sièges, mercredi 15 mars, aux élections législatives aux Pays-Bas, selon les décomptes.

D’après des résultats issus de l'agence de presse nationale ANP et portant sur 55 % des votes, le VVD a obtenu 33 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du Parlement. Le Parti pour la liberté (PVV), islamophobe et eurosceptique, de Geert Wilders arrive en deuxième place avec 20 sièges (un gain de 5 sièges), tout juste devant deux autres partis (19 sièges), l'Appel chrétien-démocrate (CDA) et les sociaux-libéraux des Démocrates 66 (D66). Si ces résultats étaient confirmés, ils constitueraient un désaveu pour le leader populiste qui a longtemps clamé être en mesure de diriger le gouvernement néerlandais.

Les Néerlandais se sont par ailleurs massivement rendus aux urnes. Le taux de participation est estimé à 81 %, du jamais vu depuis trente ans, contre 74,6 % lors de la dernière élection en 2012.

Geert Wilders prêt à une opposition féroce s'il n'entre pas dans une coalition de gouvernement

Mark Rutte s’est réjoui de ce vote et a estimé qu'il s'agissait d'un rejet du populisme. "Après le Brexit et après les élections aux États-Unis, les Pays-Bas ont dit stop au populisme de mauvais aloi", a-t-il affirmé, tout sourire, devant une salle bondée à La Haye.

De son côté, le député Geert Wilders, qui avait promis de "désislamiser" les Pays-Bas et de quitter l'Union européenne, a félicité Mark Rutte mais s'est dit prêt à une opposition féroce s'il n'entrait pas dans une coalition de gouvernement.

Se positionnant déjà en vue des longues négociations qui vont commencer dès ce jeudi, il a affirmé à la presse néerlandaise : "Si cela est possible, j'aimerais cogouverner, mais si cela ne marche pas, nous supporterons le gouvernement où cela est nécessaire, sur les questions qui nous sont chères".

Pour Mark Rutte, la formation d'un gouvernement est susceptible d'être ardue. Son partenaire de coalition, le Parti travailliste (PvdA), enregistre en effet une défaite cinglante, avec neuf sièges, contre 38 aux dernières élections. Le ralliement d'au moins trois autres partis sera nécessaire pour parvenir à une majorité au Parlement, ce qui augure de plusieurs mois de négociations.

Soulagement de la France et de l’Allemagne

Ces résultats sont néanmoins un soulagement pour les partis traditionnels en Europe, et notamment en France et en Allemagne, où les partis d'extrême droite ont le vent en poupe dans les sondages en vue des élections de cette année. Dans la soirée de mercredi, l'Élysée a félicité dans un communiqué Mark Rutte "pour sa nette victoire contre l'extrémisme".

"Les valeurs d'ouverture, de respect de l'autre et de foi en l'avenir de l'Europe sont la seule véritable réponse aux pulsions nationalistes et de repli sur soi qui secouent le monde", a ajouté le président français.

.@JunckerEU just spoke with @markrutte, congratulated him on clear victory: "A vote for Europe, a vote against extremists". #DutchElections

— Margaritis Schinas (@MargSchinas) 15 mars 2017

"Les Néerlandais ont rejeté le populiste anti-européen. C'est bien. Nous avons besoin de vous pour une Europe forte en 2017", a tweeté le ministère allemand des Affaires étrangères.

Le chef de la chancellerie fédérale, le secrétaire d’Angela Merkel, a pour sa part tweeté : "Pays-Bas, ô Pays-Bas, vous êtes des champions. Félicitations pour ce résultat fantastique."

Avec AFP et Reuters