Alors que le Japon se recueille samedi à la mémoire des victimes du séisme et du tsunami survenus il y a six ans, un vaste chantier est toujours en cours pour gérer les conséquences de la catastrophe nucléaire qui a suivi.
Le 11 mars 2011, en fin de journée, les premiers signaux alarmants arrivaient en provenance de deux centrales nucléaires de la région de Fukushima sur la côte nord-est du Japon, frappée un peu plus tôt par un séisme et un tsunami. Suivaient les ordres d'évacuation dans un rayon de deux, puis trois puis dix kilomètres alentour. Six ans après ce qui s’est révélé être la pire catastrophe nucléaire depuis celle de Tchernobyl en 1986 en ex-URSS, la situation dans la centrale nucléaire Fukushima Daiichi évolue positivement, mais le chantier est titanesque.
Quelque 6 000 hommes vont et viennent chaque jour dans ce gigantesque site ravagé par le tsunami de mars 2011. Des masques faciaux, casques, combinaisons, gants et bottes couvrent encore intégralement ceux qui œuvrent dans les bâtiments des réacteurs ou juste à côté, tandis que les ouvriers que l'on aperçoit à proximité de réservoirs d'eau, dont le niveau de contamination varie, sont parfois plus légèrement vêtus. Concernant l'intérieur des réacteurs, si Tepco (Tokyo Electric Power) montre des dessins censés représenter la situation "probable" dans chacune des tranches 1 à 3, dont le combustible a fondu, la compagnie n'est toujours pas en mesure d'affirmer avec certitude que cela correspond à la réalité. Et c'est bien là la plus grosse difficulté du moment : localiser précisément le magma de matière ultra-radioactive dans les réacteurs, savoir dans quel état il se trouve (immergé ou non), quel niveau de rayonnement existe à proximité, et ce, pour chacune des unités concernées, car les cas diffèrent, d'autant que le réacteur n° 3 fonctionnait au combustible Mox, issu du recyclage.
"On ne peut calculer le nombre des années"
"Nous avons commencé par inspecter de la sorte l'unité 2, celle où nous pensons qu'il reste le plus de combustible dans le cœur. Nous allons aussi effectuer des missions dans les réacteurs 1 et 3, où nous estimons que les conditions sont plus mauvaises", a reconnu Shunji Uchida, le directeur de la centrale exploitée par Tepco. Selon lui, l'ambition de "définir, d'ici à cet été, la politique de base (non les moyens techniques concrets) pour le retrait du combustible fondu est plutôt une affaire décidée à Tokyo, par l'État et les autorités compétentes, et il m'est difficile d'en parler [bien qu'étant en première ligne sur le terrain]", ajoute-t-il.
"La difficulté ici est que l'on ne peut pas employer les moyens conventionnels, car le combustible est en mauvais état, et, de plus, les circonstances sont très variables entre les réacteurs", a-t-il insisté. Et quant au fait d'évaluer à quarante ans la durée du démantèlement, comme cela a été officiellement annoncé, la chose demeure, toujours selon le directeur de la centrale "difficile à confirmer, car tant que l'on n'a pas défini les moyens techniques, on ne peut calculer le nombre des années".
Avec AFP