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PSA a pu s’offrir Opel uniquement parce que son patron, Carlos Tavares, a réussi à redresser la situation économique du groupe. Mais Peugeot-Citroën est-il suffisamment en forme pour sauver Opel ?

En route pour devenir un “champion européen de l’automobile !” C’est l’ambition de Carlos Tavares, le président du directoire de PSA (Peugeot-Citroën), qui vient d’obtenir pour 1,3 milliard d’euros la marque allemande Opel auprès de General Motors. Ce mariage, officialisé lundi 6 mars, permettra à PSA-Opel de devenir le deuxième constructeur européen, une fois le dossier définitivement bouclé d’ici fin 2017, d’après les responsables du groupe français.

Il y a peu encore, personne n’aurait imaginé que Peugeot puisse s’offrir Opel. La marque au lion était au bord de la faillite en 2013 et son précédent rapprochement avec General Motors s’était terminé par un bide au bout d'un an.

"Miracle" Tavares

Mais depuis lors, le “miracle” Carlos Tavares a eu lieu. À grand renfort de coupes budgétaires, le président du directoire a réussi en deux ans à inverser la tendance économique. Ce serait un groupe “en pleine forme” qui a racheté Opel, d’après le magazine Usine Nouvelle, et qui serait “prêt à redresser Opel”, assure le magazine Challenge.

Mary Barra, la PDG de General Motors, est trop heureuse de laisser Peugeot essayer de réussir là où le constructeur américain a échoué depuis près de dix-sept ans. Opel n’a, en effet, pas enregistré de profit depuis 1999 et a accumulé 15 milliards d’euros de pertes sur cette période.

Carlos Tavares a promis de faire sortir les finances d'Opel du rouge en trois ans. Certes, les reins financiers de PSA sont bien plus solides qu’en 2013 : le constructeur va pour la première fois en six ans verser des dividendes à ses actionnaires et a enregistré, en 2015, un bénéfice de 1,2 milliard d’euros. Mais rien ne dit que cela suffira pour soutenir la marque allemande jusqu’à son éventuel rétablissement. Depuis 2010, Opel a perdu 8 milliards d’euros, soit plus d’un milliard d’euros par an en moyenne. “C’est une tâche gigantesque, même pour nous”, a reconnu un employé de PSA au quotidien britannique Financial Times.

Le patron de PSA va devoir trouver des économies à faire… mais où ? Pour calmer la crainte des syndicats et politiques allemands, Carlos Tavares a dû s’engager ces dernières semaines à maintenir tous les accords d’emplois existants. Les “synergies” devront donc venir d’ailleurs. Il est possible d’en trouver dans la recherche et le développement, ou encore au niveau des centrales d’achats, ce qui devrait permettre de faire entre 500 millions d’euros et un milliard d’euros d’économie, affirme au Financial Times, Stuart Pearson, un expert du secteur automobile pour la banque BNP Paribas.

Plusieurs lièvres à la fois

Cela peut à la limite suffire… si le marché européen continue à se porter comme un charme, ce qui arrange Peugeot et Opel, qui y font la majorité de leurs immatriculations. Les ventes sont au top, d’après les analystes qui pensent que la situation ne peut pas aller mieux. Il risque donc fort de se contracter à l’avenir, ce qui ne ferait pas les affaires du nouvel ensemble. Les relais de croissance du nouvel ensemble hors du Vieux Continent sont loin d’égaler ceux de Renault-Nissan ou Volkswagen.

Pire : les trois marques sont positionnées peu ou prou sur le même segment, celui des petites voitures. “C’est un secteur saturé où les marges sont très faibles”, rappelle le Financial Times. Si le marché européen venait à faire grise mine, Opel et Peugeot risquent de se marcher sur les roues.

Enfin, PSA court plusieurs lièvres à la fois et Opel n’est pas le seul dossier qui va coûter cher au constructeur français. En 2018, Peugeot et Citroën vont ainsi lancer en Chine leurs premiers modèles issus de la collaboration avec Dongfeng, et le groupe français doit investir des millions de dollars pour que ce projet clé soit un succès.

En Iran, PSA a investi 400 millions de dollars pour regagner les faveurs des automobilistes iraniens, après avoir quitté le pays en 2012 pour faire plaisir à son partenaire américain General Motors. Carlos Tavares veut même mettre un pied en Malaisie, où il a fait une offre pour le rachat de Proton, un constructeur local qui a connu son heure de gloire… dans les années 1990.

Autant de projets qui donnent l’impression qu’après les années de vaches maigres, PSA a l’intention de dévorer le monde entier. En espérant qu’Opel ne soit pas la bouchée de trop.

Tags: Opel, PSA, Automobile,