Le réalisateur Alain Gomis a obtenu samedi son deuxième Étalon d'or lors de la 25e édition du Fespaco de Ouagadougou, pour son film "Félicité", qui raconte la vie difficile d'une chanteuse de bar de Kinshasa.
"Félicité", le film du franco-sénégalais Alain Gomis, a remporté samedi 4 mars l'Étalon d'or du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Après un Ours d'argent à Berlin il y a deux semaines, ce récit de la vie difficile d'une chanteuse de bar de Kinshasa collectionne les récompenses du cinéma mondial. "C'est un grand honneur de recevoir ce trophée pour la deuxième fois", a déclaré le réalisateur, qui avait déjà reçu la récompense suprême du festival avec "Tey", en 2013.
Lors de la remise du prix, Alain Gomis a lancé un message aux jeunes réalisateurs. "Le cinéma est en danger. On parle de moins en moins de culture et de plus en plus de commerce", a-t-il déclaré. "L'arrivée des grands opérateurs nous aide, mais il est aussi un danger. Il faut lutter pour notre indépendance". Le réalisateur de cette "ode à la femme africaine et à la femme en général", a rendu hommage à son actrice principale, Véronique Mbeya Mputu, dont c'était le premier rôle, et qui porte un film particulièrement léché avec des interludes oniriques ou des images de l'orchestre symphonique de Kinshasa "pour permettre au spectateur de souffler et prendre du recul".
Le président ivoirien invité d'honneur
Le film anticolonialiste béninois "Un orage africain" de Sylvestre Amoussou, qui met en scène un président africain face aux multinationales occidentales cyniques qui tentent vainement de le déstabiliser après des nationalisations, a reçu l'Étalon d'argent pour cette 25e édition du Fespaco. Le film avait remporté un immense succès lors de ses projections pendant le festival. L'Étalon de bronze est revenu au film marocain "A mile in my shoes" de Saïd Khallaf, qui filme la vie sordide d'un enfant d'un quartier populaire de Casablanca, victime de toutes sortes d'abus.
Alain Gomis a reçu son prix des mains des présidents burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et ivoirien Alassane Ouattara, dont le pays était l'invité d'honneur du festival. "Il faut travailler à faire émerger une industrie cinématographique en Afrique. C'est un défi et nous allons nous attacher à travailler pour que cela soit une réalité", a déclaré le président burkinabè, alors que les salles de cinéma disparaissent du continent. "Le Fespaco est un événement essentiel pour le monde de la culture, pour les Africains, pour la diaspora, pour le monde entier et cette 25e édition montre à quel point le Fespaco est un succès burkinabè, ouest-africain, continental et même mondial", a déclaré à son arrivée à Ouagadougou son homologue ivoirien. La visite de ce dernier scelle aussi la réconciliation entre les deux pays voisins, en froid après la chute du président burkinabè Blaise Compaoré fin octobre 2014.
Avec AFP