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Des Iraniennes déguisées en garçons arrêtées pour avoir voulu entrer dans un stade

Huit jeunes Iraniennes ont été arrêtées dimanche après avoir tenté d'entrer dans un stade de football à Téhéran grimée en hommes. Elles voulaient assister à un match de leur équipe préférée, ce qui leur est interdit en Iran.

Interdites d’assister aux matches de foot dans les stades en Iran, huit jeunes Iraniennes avaient pensé trouver la faille en se déguisant en garçons. Elles ont été démasquées et empêchées dimanche d’entrer dans l’enceinte sportive située à Téhéran, a-t-on appris mardi 14 février par un responsable cité par l'agence Tasnim.

Les jeunes femmes ont ensuite été arrêtées, selon l'agence de presse Isna, qui ne précise pas si les supportrices ont été relâchées depuis.

Ces huit jeunes fans voulaient "assister au derby entre Esteghlal et Perspolis, mais les agents de sécurité les ont repérées et les ont empêchées d'y entrer", a précisé Alireza Adeli, directeur des affaires sécuritaires du ministère de l'Intérieur. Esteghlal et Perspolis sont les deux plus anciennes et les plus populaires équipes de football du pays.

Message de soutien des supporters d'Esteghlal aux femmes supportrices

Interdites de stade en raison de "l'entassement" dans les gradins

Alireza Adeli a ajouté que la tentative de dimanche n'était pas nouvelle. "Par le passé, il y a eu aussi des filles qui ont tenté d'entrer au stade pour assister à des matches de football", selon lui. Il a précisé que les femmes restaient interdites de stade de football en raison de "l'entassement" dans les gradins et des "conditions inappropriées".

Cette quête des supportrices iraniennes pour faire sa place dans les stades avait fait l’objet d’un film, "Hors jeu", du réalisateur Jafar Panahi, récompensé par un Ours d’argent à Berlin en 2006.

En Iran, où la pratique sportive est très courante chez les femmes, y compris au niveau professionnel, rien dans la loi n'interdit à une femme de se rendre dans une enceinte sportive pour assister à une compétition masculine. Mais dans les faits, la police empêche l’accès des femmes aux stades de foot iranien depuis la Révolution islamique de 1979, officiellement pour les protéger des comportements et des slogans obscènes des supporteurs masculins.

Un assouplissement sous Rohani

Une restriction qui ne s’appliquait pas, en revanche, au handball, au volley-ball et au basketball, avant la présidence de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013). Sous son gouvernement ultraconservateur, l’interdiction des enceintes sportives aux femmes a été étendue dans la pratique à ces autres sports très populaires en Iran.

L’élection du président modéré Hassan Rohani, qui se positionne pour un assouplissement des restrictions pour certains sports, a amorcé de légers changements. La secrétaire d’État aux Affaires féminines, Shahindokht Molaverdi, a d’ailleurs défendu à plusieurs reprises et publiquement le droit des femmes à entrer dans les stades. Mais ces souhaits se heurtent à l’opposition des autorités, proches de la ligne plus dure du Guide suprême, l’ayatollah Khamenei.

Parmi les évolutions notables, des femmes ont pu récemment assister, dans une section réservée, à des rencontres de basket-ball ou de volley-ball, mais pas encore de football.

Avec AFP