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Deux sénateurs démocrates ont écrit une lettre au département de la Défense américain au sujet du portable de Donald Trump. Depuis son investiture, le président se servirait régulièrement d'un téléphone personnel non sécurisé.

Donald Trump aime marteler sa politique à coups de tweets, et cela pose problème : pas tant en raison de l'originalité du procédé, pour relocaliser les usines par exemple ; mais parce que le 45e président des États-Unis utilise un téléphone personnel non sécurisé, malgré les recommandations de ses conseillers.

Deux sénateurs démocrates américains, Tom Carper and Claire McCaskill, ont officiellement écrit le 9 février au secrétaire de la Défense James Mattis. Ils réclament des clarifications de la part de l'administration quant aux pratiques du nouveau locataire de la Maison Blanche.

I look forward to hearing from @DeptofDefense about the protective measures being taken for President Trump’s use of a personal smartphone pic.twitter.com/47cZeSn1bw

— Senator Tom Carper (@SenatorCarper) 13 février 2017

Les deux élus demandent au département de la Défense de clarifier la situation sur quatre sujets : confirmer si, oui ou non, Donald Trump utilise un téléphone personnel et, si oui, de quel modèle. Expliciter quelles mesures ont été prises par le DISA (Defense Information Systems Agency, l'agence chargée de la sécurité des télécommunications) pour protéger ce portable personnel et vérifier que le DISA s'est coordonné avec les services secrets. Clarifier si le DISA a consulté le service national des archives pour verser ces communications officielles du président aux archives.

Le Samsung Galaxy S3 de la discorde

Les doutes concernant le portable du président ont émergé depuis un article du New York Times et un tweet émis le 25 janvier, soit 5 jours après son investiture officielle, depuis un portable au système Android. Cette dernière donnée est loin d'être anodine : lors de sa campagne, les tweets émis par l'équipe de Donald Trump l'étaient depuis un iPhone, ceux émis personnellement par le magnat de l'immobilier l'étant par un Android. Une situation qui semble perdurer à la Maison Blanche comme le prouve ces tweets.

Reste à savoir quel portable utilise le président américain. Selon The Verge, il aurait abandonné son ancien mobile, un Samsung Galaxy S3 sorti en 2012, pour un modèle plus sécurisé, probablement le Galaxy S4, le même qu'utilisait Barack Obama à la fin de son mandat. Un modèle avec plusieurs fonctions désactivées par souci de sécurité, telles que la caméra "à selfie" ou les SMS. Seulement, certaines habitudes ont la vie dure pour le milliardaire.

Which Android phone does @POTUS @realDonaldTrump use? https://t.co/26J5rf6TcI pic.twitter.com/ovC4UV6VKT

— Android Central (@androidcentral) 25 janvier 2017

Ainsi, Android Central, blog spécialisé, relevait que sur cette photo (ci-dessus), la position de la prise casque et du flash LED sur le téléphone semble correspondre à son bon vieux Galaxy S3.

Des mises à jour sécurité arrêtées en 2015

Un modèle qui a toutes les raisons d'inquiéter outre-Atlantique : les mises à jour sécurité le concernant ont été arrêtées en 2015 et la version d’Android 4.3, Jelly Bean sous laquelle tourne l'appareil, est loin d'être immunisée contre les attaques. Des hackers malveillants pourraient accéder à distance aux fichiers systèmes et accéder aux secrets d'États américains.

Au-delà des problèmes de sécurité, c'est aussi la question de l'archivage qui pose problème. En effet, les Archives nationales des États-Unis (National Archives and Records Administration) affirment que les communications présidentielles émises depuis cet appareil ainsi que les messages envoyés sur Twitter par le président doivent pouvoir être conservées à des fins historiques. Cependant, le média spécialisé Engadget s'interroge du sort des tweets effacés. Ces messages de 140 caractères ne devraient-ils pas rejoindre également les archives du pays ? La question est posée par les deux sénateurs.

Une affaire qui ne manque pas d'ironie

Voir Donald Trump aujourd'hui tancé pour utilisation d'un appareil personnel n'est pas sans ironie. Le candidat Trump avait multiplié les attaques contre Hillary Clinton, alors engluée dans l'affaire des e-mails. Lorsqu'elle était secrétaire d'État, elle avait décidé de continuer à utiliser son adresse mail personnelle plutôt que la messagerie officielle de l'administration qui est mise à sa disposition. Un usage formellement interdit par la loi fédérale, qui instaure que les correspondances officielles soient entièrement conservée. Une affaire qui n'est pas sans rappeler celle qui touche aujourd'hui Donald Trump.

À la décharge du locataire de la Maison Blanche, on peut noter qu'il n'est pas le seul président à avoir eu du mal à se débarrasser de son téléphone personnel. Lors de son premier mandat, Barack Obama avait publiquement insisté pour garder son Blackberry. Il avait finalement obtenu gain de cause et les services secrets lui avaient remis un modèle sécurisé de celui-ci qu'il a utilisé jusqu'en juin 2016. Un changement pour Galaxy S4 de Samsung tellement amputé de ces capacités que l'ancien président l'avait qualifié de "jouet pour enfant".

En France, si François Hollande utilise aujourd'hui un téléphone Teorem, ultra-sécurisé, et fabriqué par Thalès, on continue de le voir pianoter sur un iPhone pour envoyer les SMS dont il est si friand. Ce qui est contraire à toutes les règles de sécurité comme le rappelait Rue 89 en 2013.