logo

France : le chômage remonte en décembre mais baisse sur un an

Selon Pôle emploi, le chômage est reparti à la hausse en décembre mais il a baissé sur un an en 2016. C’est la première fois depuis 2007 que le taux de chômage en France recule sur 12 mois.

Une mauvaise note dans un tableau de l’emploi enfin positif. Pôle emploi a dévoilé, mardi 24 janvier, que le chômage était reparti à la hausse en décembre 2016 après trois mois de baisse. Mais sur un an, et c’est une première depuis 2007, le chômage a reculé, révèlent ces nouvelles données. Le nombre de demandeurs d’emplois a baissé de 107 400 personnes en France.

Une tendance sur un an qui doit faire plaisir au candidat à la primaire de gauche et ex-Premier ministre Manuel Valls, qui soutient le bilan économique du gouvernement, contrairement à son adversaire Benoît Hamon. Il pourra arguer que la politique menée, à grand coup d’austérité à partir de 2013, de pacte de compétitivité et de crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), commence à porter ses fruits.

"Une décrue vertueuse"

Surtout, la bonne performance de 2016 n’est pas une baisse à l’américaine où le faible taux de chômage s’explique pour partie par le découragement des chômeurs de longue durée qui sortent des statistiques lorsque leurs droits aux allocations expirent. "En France c’est un décrue plutôt vertueuse", confirme Bruno Ducoudré, spécialiste du marché du travail à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Portée par un retour de la croissance depuis mi-2015, l’économie française a créé plus de 130 000 emplois nets dans le secteur privé, tandis que la destruction d’emplois dans l’industrie a nettement ralenti et que la situation dans le secteur du bâtiment s’est stabilisée.

L’économiste français confirme aussi que les programmes de soutien à l’emploi initiés par le gouvernement, que ce soit le pacte de compétitivité ou le CICE, ont contribué au recul du chômage en 2016. Mieux : "les effets de ces dispositifs sur l’emploi devraient encore se faire sentir en 2017 avant de s’estomper l’année prochaine", estime Bruno Ducoudré.

Mais derrière les chiffres de Pôle emploi, il n’y a pas que le recul sur un an du nombre de chômeurs sans activité. L'ombre à ce tableau est à chercher du côté des demandeurs d’emploi de catégorie B et C (avec une activité réduite), qui ont grossi. En d’autres termes, le retour sur le marché du travail se fait essentiellement "par la petite porte, celle du temps partiel subi, des petits boulots et de la précarité", résume l’économiste de l’OFCE.

Certes ce n’est pas une nouveauté : la situation de l’emploi s’améliore généralement d’abord dans l’intérim après une période d’aggravation du chômage. Mais cette fois-ci, "la baisse du chômage passe davantage encore par la précarité car le cadre légal, marqué par un assouplissement des règles du droit du travail, autorisent les entreprises à avoir davantage recours à des contrats précaires", rappelle Bruno Ducoudré. Les chiffres de Pôle emploi apportent donc aussi de l’eau au moulin de ceux qui dénoncent une paupérisation du statut de salarié en France.

Merci l’Europe

Le recul du chômage ne change pas le bilan général du quinquennat de François Hollande. "Cela n’a pas suffi à effacer les stigmates de la crise de 2008, et la situation reste moins bonne qu’en 2012 sur le front de l’emploi", confirme Bruno Ducoudré.

Le gouvernement ne peut pas non plus s’approprier tous les lauriers de la baisse du chômage. La politique de l’offre débutée en 2013 – marquée par la maîtrise des dépenses publiques et les baisses des charges – a certes amélioré la compétitivité des entreprises, mais pour qu’il y ait un retour des créations d’emplois, il fallait de la croissance.

Le déclic, à cet égard, est venu de la conjoncture européenne. "L’Union européenne a lâché du lest sur les politiques d’austérité, l’euro s’est déprécié [favorisant les exportations] et le prix du pétrole est resté faible", souligne l’économiste. Le gouvernement peut donc dire merci à ses voisins d’avoir tiré vers la croissance française vers le haut.

Enfin, il y a ceux qui se sont contentés, en 2016, de regarder passer la caravane de l’emploi. Il s’agit des chômeurs de plus de 50 ans et de ceux qui n’ont pas de travail depuis plus de trois ans. Ils vont encore continuer à espérer l’inversion de la courbe du chômage.